Avec ce tableau lumineux, centré sur le Christ vu de face et dont quelques détails aident à entrer dans le mystère de la rédemption, nous allons aujourd’hui méditer le sens de la phrase de St Jean dans la 2de lecture de ce jour : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un (1 Jn 5, 6-8).
James Tissot le converti (1836-1902)
James Tissot, de son vrai nom Jacques-Joseph Tissot naît à Nantes en 1836
Apprécié comme peintre de la haute société de l’époque victorienne, il passera une partie de sa vie en Angleterre . En 1875, il rencontre Kathleen Kelly. Devenue sa compagne, elle lui servira fréquemment de modèle. Après son décès en 1882, il quittera Londres et retournera à Paris.
Catholique, il était plus un croyant par tradition que par réelle conviction. Toutefois en 1888, il vivra à l’église Saint Sulpice une conversion. Dès lors, à la recherche de la » lumière divine » il effectuera de nombreux voyages en Palestine et à Jérusalem.
Il se consacrera désormais à la peinture religieuse : sujets bibliques et vie de Jésus. Ses 365 aquarelles peintes d’après les récits des quatre évangiles furent accueillies avec enthousiasme lors des expositions de Paris (1894-1895).
Le baptême de Jésus
Peint à la gouache, entre 1886-1894, le « baptême de Jésus » est conservé au Brooklyn Museum. Avec sobriété, il rappelle cet événement marquant le début de la vie publique du Christ.
Le baptême du Christ est une « théophanie » (terme désignant la manifestation de Dieu Trinitaire (Père, Fils et Saint Esprit) au moment du baptême de conversion de Jésus. Elle inaugure le temps de l’annonce de la Bonne Nouvelle par Notre Seigneur.
Vu de dos, debout sur une pierre, Jean Le Baptiste, qui préparait la venue de Christ en proclamant un baptême de conversion pour tout le peuple d’Iraël vient de procéder à celui de Jésus.
Des hommes tiennent un linge blanc pour le recouvrir après sa descente dans le Jourdain. Il n’est pas sans évoquer le linceul qui l’enveloppera après sa mort.
Cachés derrière des roseaux, des personnages regardent la scène. Ils ne sont pas sans rappeler l’histoire de Moïse. Sa mère l’avait déposé dans panier parmi les roseaux du Nil et sa soeur le surveillait de loin pour voir ce qui allait se passer.
Le Jourdain, un lieu significatif
Le lieu du baptême dans le Jourdain est significatif : dans l’Ancien Testament, c’est l’une des limites de la Terre promise aux Hébreux menés par Moïse. La Théophanie est suggérée, à droite, par la colombe près de l’épaule de Jésus et au-dessus de sa tête par une sorte de fumée légère.
Comme Moïse a fait passer le peuple hébreu de l’esclavage à la liberté, Jésus, par sa « plongée » dans le fleuve manifeste qu’il ouvre un passage, celui d’une vie plus forte que la mort, de toutes les morts engendrées par l’orgueil, les convoitises …, et qu’il prend en charge l’expiation du péché originel de l’humanité.
Que signifie les paroles de St Jean l’eau et le sang « rendent témoignage » ?
Au cours de ce baptême voulu par le Christ, sa filiation divine est révélée : [« Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie »] (Mc 1, 11). A partir de ce jour commence le ministère publique du Christ.
La mission du Christ
Elle consistera à faire connaître au peuple élu la volonté de Dieu, son infinie miséricorde et à lui révéler le plus grand des commandements de la loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force et Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 30-31) mais aussi à leur annoncer qu’Il n’est pas le Dieu des morts, mais celui des vivants (Mc 12, 27). Ces affirmations le conduiront à verser son sang sur la croix, non pas pour ses péchés mais pour les nôtres.
Par l’eau du baptême et le sang de la Croix font de nous des enfants adoptifs de Dieu
Afin de mieux comprendre le sens de la phrase de St Jean, prenons cette image : l’eau, le sang et l’Esprit (pneuma = souffle dans le texte grec) sont des éléments indispensables à la vie. Dès notre conception, nous baignons dans le liquide amniotique (l’eau). Le placenta agit comme un filtre et permet de puiser dans le sang de la mère les nutriments et l’oxygène nécessaire à la croissance du fœtus . Au moment de la naissance, eau et sang s’écoule pour laisser le passage au nouveau-né. En poussant son premier cri, ses poumons se déploient et la circulation s’adapte à sa nouvelle vie hors du corps maternel.
L’Esprit accomplit en nous une re-naissance
Cette comparaison nous aide à comprendre que par l’eau du Baptême et par le sang de la croix, Jésus nous donne le souffle nécessaire pour devenir les enfants adoptifs de Son Père. L’Esprit accomplit en nous une re-naissance, et Il nous le fait comprendre par la foi : « C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16).
C’est ce que nous aide à comprendre les paroles de ce chant : « Baptisés dans l’eau et dans l’Esprit, nous renaissons créature nouvelle ! Plongés dans la mort avec Jésus, nous sommes les enfants du Père. Rompus les liens, brisés les pièges, N’ayez plus peur du Tentateur, le Seigneur veille !
Georgette
Sources : L’esprit, l’eau et le sang – Centre d’enseignement théologique à distance – Notre-Dame-du Chêne – Connaissance des arts – James Tissot l’inclassable – Wikipédia.
Illustration : Baptême de Jésus – James Tissot – Brooklyn Museum (New-York) Domaine Public.
Chant : Baptisés dans l’eau et dans l’Esprit – Choeur Antidote, Brigitte Le Borgne –