Dans l’extrait de la lettre de St Paul aux Corinthiens lu en ce 13eme dimanche du temps ordinaire, Saint Paul désire organiser une collecte pour aider l’Église de Jérusalem. En effet, celle-ci vit des moments difficiles.
Le contexte
Si Paul souhaite mettre en place une quête en faveur de l’Église de Jérusalem, c’est parce qu’une famine avait sévi en Judée. Suite à cette pénurie alimentaire, la communauté chrétienne de Jérusalem connut la pauvreté pour plusieurs années. Il fallut donc organiser des secours. Ainsi, la communauté d’Antioche de Syrie, là où les disciples reçurent pour la première fois le nom de « chrétiens », fut la première à répondre à cette détresse. C’est ce que nous apprend ce passage des actes des Apôtres : « En ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L’un d’eux, nommé Agabus, se leva pour signifier, sous l’action de l’Esprit, qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre ; celle-ci se produisit sous l’empereur Claude. Alors les disciples décidèrent d’envoyer de l’aide, chacun selon ses moyens, aux frères qui habitaient en Judée … » (Ac 11, 27-29).
L’appel de Paul à l’Église de Corinthe
Dès le début des graves difficultés rencontrées par l’ Église de Jérusalem, Paul attacha beaucoup d’importance à cette collecte car il restait très attaché à cette église-mère à que l’on devait la Bonne Nouvelle. En outre, lors de l’ Assemblée de Jérusalem, il s’était engagé à rester solidaire des autres apôtres ainsi qu’il le racontera plus tard : « Ayant reconnu la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Pierre et Jean, qui sont considérés comme les colonnes de Église, nous ont tendu la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion, montrant par là que nous sommes, nous, envoyés aux nations, et eux, aux circoncis. Ils nous ont seulement demandé de nous souvenir des pauvres ce que j’ai pris grand soin de faire » (Ga 2, 9-10).
D’abord enthousiaste, la communauté de Corinthe eut cependant du mal à passer à l’acte. Paul s’adresse donc à ses membres avec vigueur : « Puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole … qu’il y ait aussi l’abondance dans votre don généreux … (2 Co 8, 7).
La pédagogie de Paul
Pour inciter la communauté de Corinthe à répondre à sa demande, Paul, dans un premier temps, met en exergue la générosité des Églises de Macédoine en faisant ressortir que, malgré les multiples détresses et leur extrême pauvreté, elles débordaient de générosité : « … spontanément, avec grande insistance, ils nous ont demandé comme une grâce de pouvoir s’unir à nous pour aider les fidèles de Jérusalem. » (2 Co 8, 4). Puis il se réfère au don généreux du Christ : « … lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riche à cause de sa pauvreté » (2 Co 8, 9).
Il continue son argumentation en rappelant : « qu’il ne s’agit de se mettre dans la gêne en soulageant les autres, mais d’égalité » (2 Co 8, 13). Et il termine son exposé par un rappel des écritures à propos de la manne « Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien » (2 Co 8, 15).
De quelle richesse Paul parle-t-il dans son appel ?
Dans sa méditation du 16 Juin 2015, le pape François, à partir de cette lettre de Paul, développait la « théologie de la pauvreté » qui est au centre de sa réflexion. Pour lui, la richesse d’une communauté réside avant tout dans le zèle, la charité, la Parole de Dieu, la connaissance de Dieu et dans une foi authentique. C’est une « règle d’or » dont chacun doit se souvenir car, si effectivement l’ Église de Jérusalem traversait une crise économique, elle demeurait néanmoins riche de l’annonce évangélique. N’était-ce pas elle qui avait enrichi celle de Corinthe avec la grandeur du message du Christ ?. En outre, il soulignait que : « quand nous apportons une aide aux plus déshérités, nous sommes face à un acte « bon », un acte « humain » qui nous enrichit car Jésus a dit que lui-même est dans le pauvre ».
Pour conclure
La beauté, la grandeur du partage, nous l’avons expérimentée au sein de notre groupement qui porte aujourd’hui le beau nom de Notre Dame de la Fraternité. Un nom qui reflète bien ce que y avons déjà vécu puisque, en décembre 2018, les clochers de nos paroisses mobilisaient une part de leurs fonds afin de permettre l’indispensable achat d’une nouvelle chaudière à St Ferdinand et qu’un appel à une souscription était lancé. Grâce à cet élan de générosité, cet important achat fut réalisé.
La nouvelle version de la prière d’ouverture de ce dimanche nous le rappelle : « Tu as voulu Seigneur Dieu, que grâce à l’adoption filiale, nous devenions des enfants de lumière ». Nous le devenons lorsque nous répondons à cette lumière qui nous vient de la Parole de Dieu. Elle nous éclaire et nous invite à la vivre en actes afin qu’à travers nous, rayonne, en toutes occasions l’Amour du Père pour les plus humbles, les moins favorisés.
Georgette
Illustration : Wikimédia – Commons – St Paul de Masaccio (1401-1426) – Tempera sur Bois (1426) Collection musée national San Matteo à Pise – Domaine Public – St Paul porte ses deux attributs symboliques : une épée en référence à son martyr et un livre pour ses écrits.
Sources : * méditation matinale en la chapelle de la maison Ste Marthe – L’observatore Romano – Edition n° 27 du 02-06-2015 et Marie-Noëlle Thabut.