Le 1er septembre débutait, pour tous les chrétiens l’initiative œcuménique « le temps pour la création ». Les labours d’automne, quant à eux débuteront bientôt.
Afin de méditer sur cette proposition qui nous appelle à faire grandir en nous le désir d’une terre plus hospitalière qui permettra à tous les humains et toutes les créatures de s’y sentir bien, nous vous invitons à contempler ce tableau de Rosa Bonheur. Présenté pour la première fois au salon de 1849 au palais de Tuileries, il nous invite à méditer sur le dur labeur des agriculteurs.
Rosa Bonheur, une femme pionnière.
Marie-Rosalie dite Rosa Bonheur, peintre et sculpteur spécialisée dans la représentation animalière, naît le 16 mars 1822 à Bordeaux. Son père, Raymond Bonheur (1796-1849), professeur de dessin, était très ouvert quant au statut de la femme. Il encouragera donc ses quatre enfants à devenir artistes (trois deviendront eux aussi peintres et un autre sculpteur).
La petite enfance de Rosa se passe au château Grimont à Quinsac (Gironde). Passionnée par le dessin, elle gardera de son enfance, un intérêt jamais démenti pour les animaux et une vie simple.
En 1830, toute la famille s’installe à Paris. Elève de son père, son talent lui permet d’obtenir en 1848 une médaille d’or au Salon de Paris. L’ état lui commande alors un tableau à thème agraire. Le succès sera immédiat et la toile exposée pendant l’exposition universelle de Paris en 1889.
Femme d’avant garde, elle demandera à la préfecture de police l’autorisation de porter des pantalons afin de se rendre plus aisément aux marchés aux bestiaux pour étudier l’anatomie des animaux. Il faut souligner que cette « demande de travestissement » ( c’est la formule employée ! ) ne sera abrogée qu’en … 2013 !
Grâce à son « Marché aux chevaux » présenté au Salon de 1853, elle obtiendra une reconnaissance internationale. Elle lui permettra d’effectuer des tournées en Belgique et en Angleterre où elle rencontrera la reine Victoria. Ce tableau partira aux U.S.A. Il est toujours conservé au Metropolitan Museum de New-York.
En 1860 elle s’installe à By, près de Thomery (Seine et Marne). Dans sa vaste propriété, elle fait construire un grand atelier et un parc animalier pour y accueillir toutes sortes d’animaux.
Nommée Chevalier puis Officier de la légion d’honneur.
En Juin 1864, l’impératrice Eugénie lui rend visite. Elle y reviendra l’année suivante afin de lui remettre les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur. Une manière de démontrer à la société que « le génie n’a pas de sexe ». En effet, ce n’est qu’en 1897 que les femmes seront admises à l’école des Beaux-Arts.
En 1894, elle devient aussi la première femme promue au grade d’officier de cette distinction.
En 1889, elle rencontre l’artiste peintre Anna Klumpke qui s’installera à By pour peindre et sous la dictée de Rosa y rédiger ses mémoires.
Rosa meurt en 1899 sans avoir achevé son dernier grand tableau « La Foulaison en Camargue » qu’elle désirait présenter à l’Exposition Universelle de 1900.
Le tableau
Par une belle journée automnale, sous un ciel à peine troublé par quelques nuages et éclairé par le reflet des derniers rayons du soleil, deux attelages de bœufs à la robe rousse ou blanche, tirent de lourdes charrues qui soulèvent les mottes de terre brune. Le paysage est vallonné, ceint par un coteau boisé.
Cette huile sur toile décrit le premier labour effectué au début de l’automne. Appelé « sombrage », il permet d’ouvrir la terre et de l’aérer pendant l’hiver avant la saison des semailles. Un jeune paysan stimule avec l’aiguillon l’un des bœufs.
Derrière, guidé par un vieux laboureur, le second attelage traîne une herse (outil à dents traîné sur une terre labourée afin de briser les mottes).
Un rappel de notre dignité d’être créé à l’image de Dieu
Dans cette scène, Rosa Bonheur met en exergue la beauté et la force des bœufs. Il est ici question de la grandeur du travail et de la simplicité de la vie à la campagne.
C’est, en quelque sorte, un hymne dédié à la nature, à la cohésion entre l’Homme, les animaux et le rythme des saisons. Le tableau se veut le reflet d’un monde où la peine fait aussi partie de la gloire de l’Homme en harmonie avec la création.
Beauté de la terre et travail des hommes sont indissociables.
Cette scène nous rappelle ces versets bibliques : « Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » (Gn 1, 28) – « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’ Éden pour qu’il le travaille et le garde » (Gn 2, 15).
Qui dit travail, dit terre, c’est aussi ce que l’encyclique du pape « Laudato si » nous rappelle.
Ces textes proposent « une écologie intégrale » et réaffirment que « la beauté de la terre et la dignité du travail sont indissociables ». Pour sauvegarder la planète, l’être humain doit mettre fin à ses prétentions d’être un dominateur absolu de la terre.
Agriculteur une vocation au service des autres
En août 2016, Mgr Pierre d’Ornellas, lors de la fête départementale de l’agriculture, rappelait que « choisir le métier d’agriculteur, c’est répondre à une vocation que Dieu donne à l’homme en le plaçant sur cette terre vivante et en l’appelant à la travailler » mais aussi que « le style de vie du cultivateur », qui aime la nature, qui sait la contempler et mettre à sa juste place la technique qui unit travail et recueillement, est une indication de bonheur pour tant de personnes vivant dans les cités urbaines ».
Georgette
Sources : La Croix-Croire du 27-08-2021 – Apprendre à voir, arts plastiques – mieux se connaître.com (26-05-2011) – Rennes Catholique, l’agriculture, une chance pour la planète (22-08-2016)
Illustration : Wikimédia Commons – Domaine public – Labourage Nivernais – Huile sur toile de Rosa Bonheur – Musée d’Orsay à Paris.