Aujourd’hui, 11 novembre, nous fêtons l’armistice de la première guerre mondiale, celle du 11 novembre 1918, qui mit fin à un conflit particulièrement meurtrier puisqu’il y eut près de 20 millions de morts civils et militaires.
Mais nous fêtons également un des saints les plus populaires de la France
En France, 237 communes portent son nom et plus de 3600 églises lui sont dédiées ainsi que de nombreuses fontaines, bois et lieux dits. Il s’agit de saint Martin. Il a un message à délivrer à notre monde en recherche de paix.
saint Martin, le migrant
Né en Pannonie, dans l’Europe de l’Est, il sera élevé en Italie, avant de voyager dans toute l’Europe avec l’armée impériale.
C’est donc un migrant qui sema le christianisme dans les campagnes de notre pays, comme d’autres le semèrent dans nos villes. Comme par exemple de saint Irénée, un des premiers évêques de Lyon, originaire d’Asie Mineure, l’actuelle Turquie ou bien saint Denis, originaire d’Italie, premier évêque de Paris.
Au moment où nous parlons beaucoup d’identité nationale, n’oublions donc pas tous ces migrants qui façonnèrent les racines chrétiennes de notre pays. Ils continuent d’ailleurs de la façonner. Notre identité nationale est construite sur ce métissage. A l’oublier, nous risquons de créer de nouvelles tensions.
saint Martin, le catéchumène
Tout jeune, Martin fut attiré par la foi chrétienne alors que ses parents y sont violemment hostiles.
A l’âge de dix ans, il demanda seul à devenir catéchumène et à se préparer au baptême, qu’il reçut beaucoup plus tard alors qu’il était adulte.
Il nous rappelle tous ceux qui, aujourd’hui, cherchent un sens à la vie. Nombreux sont ceux qui actuellement s’inscrivent au catéchuménat avec le désir de suivre le Christ.
Alors, ne mettons pas de côté cette dimension de recherche spirituelle et religieuse. N’en faisons pas qu’une dimension privée, mais donnons-lui toute sa place.
Nos racines judéo-chrétiennes demeurent encore un trésor de sagesse et de paix à partager.
saint Martin, l’homme du partage
On connaît tous l’épisode du manteau partagé avec le pauvre. Il est souvent représenté dans les vitraux et les statues. Or il n’est pas le seul.
On raconte cet autre épisode à Tours où Martin est devenu évêque : il rencontre un pauvre à demi-nu en plein hiver. Il demande à son diacre de le revêtir mais ce dernier ne s’en soucie pas.
Martin retire donc sa tunique sous son aube et la donne au pauvre. Quand son diacre lui dit que la messe peut commencer, Martin indique qu’il ne commencera pas la messe tant que le pauvre n’est pas vêtu car il était lui-même devenu ce pauvre, nu sous son aube. Le diacre proteste mais Martin insiste.
Le diacre va acheter un vêtement vulgaire peu cher et le remet à Martin en lui indiquant qu’il ne trouve plus le pauvre.
Martin discrètement le revêt sous son aube. A la fin de la messe on découvre le geste de Martin.
Un enseignement pour aujourd’hui
Il y a là un enseignement riche pour notre temps. Comment partager avec tout homme ? Comment réellement partager dans nos sociétés à plusieurs vitesses où l’exclusion gagne de plus en plus de terrain ?
Y aura-t-il des hommes et des femmes assez fous de Dieu pour poursuivre l’œuvre de partage des saints ?
La paix est aussi le fruit de cette attention à l’autre, d’un partage équitable de tous les biens de ce monde. « L’amour sera ferment de paix si les personnes considèrent les besoins des autres comme les leurs propres et partagent avec les autres ce qu’elles possèdent, à commencer par les valeurs de l’esprit » disait Jean XXIII dans son encyclique Pacem in terris.
Martin est incontestablement un saint pour aujourd’hui qui peut nous aider à devenir des artisans de paix.
Père Alexandre +
Illustration : Photo personnelle Jean-Pierre P.