L’ évangile du dimanche 09 Janvier relate le baptême de Jésus. Une voix, venant du ciel révèle devant tous : « Toi, tu es mon fils bien-aimé ; en Toi je trouve ma joie ». Fils de Dieu depuis toute éternité, son abaissement est ainsi authentifié par le Père qui lui rend témoignage. De cette filiation naîtra la grande prière des Chrétiens : Le Notre Père.
Abba (Papa)
Le récit de Jésus parmi les docteurs de la loi (Lc 2, 41-52) du dimanche de la Sainte Famille nous apprend que, dès son enfance, il priait avec Joseph et Marie et faisait les pèlerinages à Jérusalem. En conséquence, il connaissait les prières et les textes traditionnels.
Aussi, lorsqu’il apprend à ses disciples le Notre Père, s’il nomme Dieu « Abba » (Père- Papa) c’est qu’il connaît parfaitement ce verset du Deutéronome : « Vous êtes des fils pour le Seigneur votre Dieu » (Dt 14, 1) ainsi que celui de Jérémie, s’adressant à Israël : « je m’étais dit : « Comment te placer au rang des fils et te donner une terre désirable… » – Je disais : « Tu m’appelleras « Mon père » , tu ne te détourneras plus de moi » (Jr 3, 19 – A.E.L.F)
L’influence de la liturgie juive sur le Notre Père
Le Notre Père s’inspire donc de plusieurs prières juives, en particulier le Kaddish et la Amida.
Le Kaddish : (de l’hébreu קדיש (qaddish) qui signifie « sanctification », est l’une des prières juives les plus connues. Elle est intimement liée à l’histoire du peuple d’Israël. C’est une louange du nom de Dieu, constituée de passages de la Bible. On y trouve des extraits des psaumes, des livres de Daniel et de Job.
Cette prière clos un commentaire de la Bible ou la fin de l’office. Le site du Consistoire de France souligne qu’il « devient une sorte de station où tous les fidèles se rassemblent, lorsque attentifs aux mots du ministre officiant, ils répondent à l’unisson Amen ».
De nombreuses versions sont venues varier ce texte originel, dont la plus connue est le Kaddish Yatom, la prière des orphelins. Dans ce cas, c’est une glorification et une sanctification du nom divin qui, malgré la douleur, exprime la confiance.
Nous pouvons en méditer quelques phrases : « Que le nom du Très Haut soit exalté et sanctifié dans le monde qu’Il a créé selon Sa volonté. Que Son règne soit proclamé de nos jours et du vivant de la maison … Qu’une paix parfaite et une vie heureuse nous soient accordées par le ciel … Que Celui qui entretien l’harmonie dans les sphères célestes la fasse régner parmi tout Israël – Amen ».
La Amida, quant à elle, est le centre de la prière quotidienne du juif pieux. Trois fois par jour, le priant la récite debout, les pieds joints. Il se présente devant Dieu comme devant un roi.
Cette prière réunit la louange, la demande et le remerciement. Elle commence par ces mots : « Adonaï ouvres mes lèvres et ma bouche dira ta louange ». Puis viennent les bénédictions dont voici quelques extraits : Béni sois-tu Adonaï* , notre Dieu et Dieu de nos pères (et de nos mères), Dieu d’Abraham, (Dieu de Sarah), Dieu d’Isaac, (Dieu de Rebecca), Dieu de Jacob, (Dieu de Rachel, Dieu de Leah)… Tu es saint et saint est ton nom et les saints tout le jour te loueront ».
Puis viennent diverses demandes. Elles concernent les biens spirituels : « Toi qui a donné à l’homme l’intelligence et enseigné à l’humain le discernement, donne nous l’intelligence, le discernement et la sagesse » mais aussi le repentir « Pardonne-nous car nous avons manqué. Acquitte nous, notre Roi, car nous avons péché. Car tu es un Dieu bon et indulgent.
Béni sois-Tu, Adonaï, qui donne le pardon en abondance » …
Autres prières qui nous rappellent aussi les autres demandes du Notre Père
Pardonne-nous nos péchés comme nous les pardonnons à tous ceux qui nous ont fait souffrir (Liturgie du Yom Kippour).
Ne nous livre pas au pouvoir du péché, de la transgression, de la faute, de la tentation ni de la honte. Ne laisse pas dominer en nous le penchant du mal (Prière du matin).
Pour conclure
Ce rappel des racines juives du Notre Père nous permet de découvrir que ces textes religieux osent employer la métaphore de la relation filiale afin d’exprimer cette notion essentielle de notre foi commune : la proximité de l’Homme et de Dieu.
La semaine prochaine, nous approfondirons les sept demandes du Notre Père. En attendant, sur une musique du musicien russe Nicholas Kedroff (1905-1981), écoutons les petits chanteurs du Nord. Ils interprètent son beau Paster Noster.
Méditatif, paisible et suppliant lorsqu’ils chantent : « Et ne nos inducas in tentationem, sed libera nos a malo», il se termine par un long et confiant Amen.
Georgette
Sources : Les racines juives de la prière du Notre Père – Eglise catholique en France – La prière juive – La Hamida (Groupe Abraham Duchère – Lyon).
Illustration : Wikimédia Commons – Jésus monte seul sur une montagne pour prier de James Tissot ( 1836-1902) – Gouache sur papier peinte entre 1886 et 1894 – Brooklyn Muséum (U.S.A.) Œuvre dans le domaine Public car considérée comme n’ayant aucune restriction connue liée au droit d’auteur.