Bien que le Concile ne l’ai pas supprimé, ce rite, après Vatican II, avait failli disparaître. Néanmoins les rites d’encensement avaient leur place au cours des célébrations solennelles.
Aujourd’ hui, le jeune clergé le réintroduit au cours des messes dominicales. Etudier la signification profonde de ce rituel, nous permet d’en comprendre les raisons et le sens. En outre, il amplifie la qualité de certaines célébrations qui, parfois, étaient réduites à un « minimum liturgique ».
Quelle est l’origine du mot « encens » ?
Il vient de deux mots latins « thus » et « incensum » dont le sens est différent.
Quelle est la différence entre ces deux appellations ?
Le mot latin « incensum » ne désigne pas uniquement l’encens. Il se rapporte à tout ce qui brûle ainsi qu’un mot « incendie » car tous deux ont une racine latine commune qui évoque tout ce qui se consume par le feu.
En conséquence, dans les textes bibliques « incensum » évoque l’idée de « sacrifice ». Cependant sa racine « sacrum facere » signifie aussi « rendre sacré ».
Dans l’Ancien Testament le sacrifice, consistant à répandre le sang d’un agneau, d’un boeuf, d’un chevreau ou d’une colombe puis à brûler entièrement le corps, était un sacrifice offert à Dieu en réparation des péchés. Rappelons le, le feu purifie.
Or la liturgie eucharistique est un sacrifice. C’est la raison pour laquelle les rites de la messe utilisent l’encens « incensum ». Le pain et le vin y sont offerts à Dieu et leur destruction est symbolisé par l’encensement au cours de l’offertoire. Toutefois, à la différence des sacrifices de l’Ancien Testament, le « feu » ne conduit pas à l’anéantissement de la matière pain et vin mais à leur transformation en Corps et en Sang du Christ. Par sa passion et sa mort sur la Croix, Jésus sauve le monde du péché une fois pour toutes.
L’encens « thus »
L’Écriture Sainte fait mention de l’encens « thus » lorsque les mages apportent leurs présents à l’Enfant-Jésus : l’encens (symbole de divinité), la myrrhe (symbole de l’humanité du Christ) et l’or (symbole de royauté).
L’encens, dans ce récit, n’est qu’une offrande faite à Jésus reconnu comme roi. Ce n’est pas un sacrifice adressé à Dieu.
Usage liturgique de l’encens
La liturgie est riche de tout un enseignement greffé sur la Bible et sur l’histoire de l’Église. Les rites accomplis nous permettent donc de mieux participer à la messe. En effet, le propre du symbole, dont le sens s’enracine dans son étymologie grecque symbolon (qui elle-même vient de verbe symbalein qui signifie littéralement « jeter ensemble, rassembler » (L.M. Chauvet), nous permet d’en comprendre le sens profond.
Quels sont les moments de son utilisation
L’encens, mis dans un encensoir, est tenu par un thuriféraire (d’un mot grec «encens », et d’un autre latin « ferre» = porter) qui le fait osciller pour mieux en diffuser le parfum.
Au cours de la célébration eucharistique on l’utilise à différents moments :
Pendant la procession d’entrée – Le prêtre encense l’autel et la Croix.
Le livre de la Parole est encensé avant la lecture de l’ évangile.
Au cours de l’offertoire – Le pain et le vin, qui deviendront le Corps et le Sang du Christ sont encensés. Ils en est de même pour le célébrant et l’assemblée puisque nous sommes le temple du Saint-Esprit.
Au moment de la consécration – Lors de l’élévation du Corps et du Sang du Christ.
On l’utilise aussi lors des expositions du Saint Sacrement, dans certaines processions, au cours des vêpres solennelles au moment du chant du Magnificat.
Lors des funérailles l’encensement est un signe de respect pour le corps du défunt car il fut le « le tabernacle » de l’Esprit Saint. Il évoque également la prière des fidèles qui s’élève vers Dieu.
Le symbolisme de l’encensement
La fumée de l’encens symbolise à la fois le respect, la purification et la prière qui monte vers Dieu.
Elle nous rappelle ces paroles bibliques : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens, et mes mains, comme l’offrande du soir. Mets une garde à mes lèvres, Seigneur, veille au seuil de ma bouche. Ne laisse pas mon cœur pencher vers le mal » (Ps 140 6 2-4).
Pour conclure :
Ce renouveau peut surprendre. Or, de nos jours, l’encens est souvent utilisé sous forme de bâtonnets et de fines baguettes odoriférantes afin de parfumer et purifier les maisons.
Ce rite est toujours très présent chez nos frères orthodoxes. Alors écoutons « Que ma prière devant Toi s’élève comme l’encens ».
Puis méditons ces paroles extraites d’un chant de Jean-Claude Gianadda :
« Comme l’encens, dans un profond silence, tout simplement s’élève jusqu’ à Toi, ainsi mon Dieu, je cherche ta présence, puisse ton feu brûler toujours en moi ! Brûle, mon Dieu mes rancœurs, mes rancunes, seul le pardon permet de s’élever. Tes bras ouverts seront ma vraie fortune, et mon trésor de me savoir aimé… Tu me rejoins, tu m’invites à la table, pour partager le pain d’Éternité. Je viens mendier ton pain et ta parole pour donner sens à ma fidélité ».
Au delà des rites, n’oublions pas que notre participation à l’Eucharistie doit nous nourrir afin de vivre notre foi en paroles et en actes !
Georgette
Sources : Un prêtre vous répond et Liturgie et Sacrements (Conférence des évêques de France).
Illustration : Wikimédia Commons – Encensoir (1498) – Walters Art Museum ( U.S.A.) – Oeuvre dans le domaine public.
Chant : Comme l’encens par les séminaristes orthodoxes russes d’Epinay-sous-Sénart – You Tube concédé sous licence par Audio Network.