Dimanche 6 Février, dans l’émission « orthodoxie » sur France 2, Hiéromoine Macaire, moine au monastère Simonos Petra du Mont Athos, expliquait le déroulement de la divine liturgie. Ce qui est pour nous l’équivalent de la messe, le centre de la vie de l’Église.
Mon attention fut attirée par la partie de l’émission consacrée à la préparation du pain appelé « prosphore ».
Ce terme venant du grec πρόσφορον « pain béni » est lui-même dérivé du verbe προσφέρω « offrir ». Il s’agit du pain utilisé pour la consécration eucharistique.
La Proscomédie (d’un mot grec) signifiant « offertoire » ou « Prothèse »
Une prosphore se constitue de deux parties superposées. Elles sont cuites ensemble comme un seul pain. Les deux parties représentent la nature humaine et divine du Christ.
Le découpage des prosphores
Le prêtre dépose le pain sur la patène. Puis, suivant un rituel, il le découpe avec une petite lance en plusieurs morceaux.
– Au milieu, il découpe un premier morceau en force de cube. On le nomme « l’Agneau » parce que cette partie deviendra le Corps du Christ. Ce nom rappelle que Jean-Baptiste nomma Jésus l’Agneau : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).
– Puis il en coupe 10 autres en forme de pyramide : une grande pour Marie et neuf plus petites pour tous les saints qui servirent le Christ et furent des modèles de foi.
– Une autre encore pour le Saint Synode. Puis une nouvelle pour l’ évêque du diocèse et enfin une dernière pour tout l’ordre sacerdotal.
– Viennent ensuite des petites parcelles, en forme de cube, pour les vivants. Le prêtre les place en dessous du Saint Agneau. Les dernières parcelles découpées sont celles pour les morts qui seront confiés à l’Amour de Dieu au cours de l’eucharistie. Celles-ci sont mises en dessous de celles des vivants.
Le symbole de toute l’Église
Tous ces morceaux de pain, rassemblés autour du Saint Agneau, symbolisent l’Église de Dieu avec à sa tête le Christ.
Le rite de l’encensement, quant à lui indique la présence de l’Esprit Saint dont la grâce se répand dans le Mystère de la Communion.
Une magnifique catéchèse
Cette préparation m’apporta un éclairage nouveau sur la signification profonde du geste de la fraction du pain qui commence pendant que nous chantons l’Agnus Dei.
Or, bien qu’il soit très important, ce geste passe presque inaperçu car nous nous concentrons sur le chant.
Nous sommes le corps du Christ, baptisés dans l’Esprit
Ce geste s’enracine dans celui fait par le Christ à la dernière Cène, lorsqu’il rompt le pain.
Il nous rappelle qu’avec Lui, nous ne formons qu’un seul corps : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co 10, 17).
Je crois à la communion des Saints
Il nous éclaire aussi sur ce que nous formulons dans le symbole des apôtres : « Je crois en l’Esprit Saint, à la Sainte Église Catholique, à la communion des Saints… ».
Certes, nous ne le sommes pas comme le sont ceux qui sont canonisé(e)s. Néanmoins, malgré nos imperfections, la grâce du don du Saint-Esprit que nous recevons au baptême, nous appelle à la Sainteté.
Appelés à l’union
La communion des saints, c’est l’Église en tant qu’elle est une communion (du latin com « avec » et unio « union »). Aussi sommes nous unis à tous (les saints, les morts et tous les vivants).
Former l’ Église avec la multitude
Au moment de la fraction du pain c’est le corps du Christ, brisé, rompu qui s’offre pour la multitude. C’est ce que met en avant cette phrase d’un chant de Glorious : « Ton Amour a relevé le monde entier, aucun homme dans Ton cœur n’est oublié ».
Alors, avec la grâce et la force de l’Esprit Saint, nous devons œuvrer à cette paix que Dieu offre à tous.
Communier pour nous
La communion est nécessaire pour fortifier notre foi. C’est d’ailleurs ce à quoi nous appelle Luc : « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Lc 2, 42).
Au moment de la communion, nous nous unissons au Christ. Il nous communique son amour et sa paix. En Lui nous trouvons les forces nécessaires pour travailler à notre pacification et purification intérieure.
La grâce de l’Esprit, quant à elle, nous donnera la force de travailler, en paroles et en actes, à cette paix.
Communier pour la multitude
Quand nous communions, nous le faisons aussi pour tous ceux qui le font avec nous ainsi que pour ceux qui sont là, mais qui ne peuvent pas communier.
Mais nous devons aussi être unis à tous ceux qui aimeraient être là avec nous : les Chrétiens d’autres églises, nos proches, nos amis ainsi que toute l’humanité souffrante.
En les portant en nous lorsque nous communions, nous les associons à la résurrection. C’est ainsi que nous ne formons qu’un seul Corps.
Afin de ne pas oublier que nous sommes L’Église, apprenons aussi à vivre l’espérance que nous donne l’Esprit et méditons cette phrase d’Anne Lécu : « l’Eucharistie est une respiration, une pratique du souffle, un travail de l’Esprit, comme le travail de celle qui enfante ».
Georgette
Sources : Orthodoxwiki – Liturgie Catholique (La Fraction du pain) – Ceci est mon corps d’Anne Lécu.
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