Grâce à Aleksandra et Arnaud, nous avons découverts, pendant notre pèlerinage, quelques chants polonais.
Parmi eux, Gaude Mater Polonia et Czarna Madonna expriment tout particulièrement la foi du peuple polonais.
Cette foi les aida toujours, pendant les périodes difficiles, à résister.
Nous vous invitons à découvrir le rôle qu’ils jouèrent dans l’histoire tourmentée de la Pologne.
Gaude Mater Polonia
Au 13eme siècle, en 1253, Vincent de Kielce, moine dominicain de Raciborz (Haute-Silésie) écrivit ce chant dont la musique sur une mélodie grégorienne sur « O Salutaris Hostia ». Il célébrait ainsi la canonisation de l’évêque de Cracovie, Stanislas de Szczepanow (1030-1079).
Les chevaliers le chantaient toujours après une bataille victorieuse.
Aujourd’hui encore, cet hymne retentit : lors de l’ inauguration de l’année scolaire des universités, au moment des fêtes relatant l’histoire de la Pologne et pendant les cérémonies religieuses.
Aleksandra et Arnaud l’interprétèrent dans l’enceinte du Collegium Maius (ou Grand Collège) qui est le plus ancien bâtiment de l’ Univervisté Jagellonne de Cracovie.
L’ université compta parmi ses étudiants : Saint Jean de Kenty (1390-1473), théologien scolastique – Nicolas Copernic (1473-154) mais aussi Karol Wojtyła (1920-2005), philosophe, poète, écrivain, archevêque de Cracovie, devenu le pape Jean-Paul II – et bien d’autres encore …
Czarna Madonna
Ce chant incontournable est dédié à la vierge noire de Czestochowa. Pour comprendre la nation Polonaise, il est nécessaire de se rendre au sanctuaire de Jasna Gora dont le nom signifie « la colline claire, lumineuse ».
En 1382, Ladislas d’Opole installa l’ icône à Jasna Cora. Celle-ci est facilement reconnaissable grâce aux « balafres » sur la joue de la Vierge. Elles furent occasionnées par le pillage du sanctuaire le 14 avril 1430 (jour de Pâques) par des hussites.
Sa restauration fut réalisée à la cour du roi Ladislas.
La vierge noire de Jasna Góra, une vierge du type « Hodigitria »
Cette vierge noire appartient au type « Hodigitria » (du grec ancien odigeô : je conduis, je guide).
En effet, elle porte l’enfant Jésus sur le bras gauche et sa main droite le désigne. Le Christ quant à lui, bénit de la main droite et tient le rouleau des écritures dans sa main gauche.
Cette icône nous invite donc à reconnaitre que cette icône nous dit que Marie est celle qui montre le chemin du salut mais aussi qu’elle nous désigne celui qui guide l’Humanité : son fils Jésus.
Contrairement aux icônes appelées « Éléousas » (mot repris de la racine en grec ancien éléos = la compassion, la tendresse) qui expriment l’amour infini entre Marie et Jésus, l’interprétation des odigitrias est tout autre.
En effet, dans celles-ci, Jésus devient l’image centrale de l’icône. Il ne regarde pas sa mère mais le spectateur.
L’emprisonnement et le rôle de Mgr Stephan Wyszyński
Le 25 septembre 1953, l’UB (bureau de la sureté du parti communiste) l’ arrête à Varsovie.
Commence alors pour lui trois années d’emprisonnement, de mauvais traitements et de nombreuses vexations.
Durant cette période, il accomplit l’Acte d’offrande personnelle à la Vierge Marie. En outre, il met au point le programme d’une Grande Neuvaine et des célébrations du Millénaire du baptême de la Pologne.
Il rédige aussi le texte des Vœux de la Nation de Jasna Góra.
Le retour dans son diocèse
Sans sa présence, mais devant une assemblée d’un million de fidèles, ils seront lus au sanctuaire de Częstochowa le 26 août 1956.
Fin octobre 1956, le premier secrétaire du comité central du POUP (Parti Ouvrier Unifié Polonais) décide que son isolation prend fin.
Les autorités désirent un retour rapide à Varsovie. Mgr Stephan Wyszyński présente alors les conditions à remplir pour ce retour :
- Les autres évêques doivent aussi être libérés et la commission mixte entre l’ Église et l’État doit être réactivé.
Celles-ci sont acceptées et le 28 Octobre 1956, il revient dans la capitale, accueilli par des fidèles pleins d’enthousiasme.
Les pérégrinations de la Vierge Noire de Jasna Góra
Après sa libération Mgr Wyszynski inaugura un nouveau rituel. En août 1957, débuta la « pérégrination de la copie du tableau de la Vierge de Czestochowa ». Celle-ci fut bénie par le pape Pie XII au Vatican.
Au cours des décennies suivantes, le tableau passa vingt-quatre heures dans chaque église paroissiale.
Pendant la « visite de la Sainte Vierge dans la paroisse » étaient organisés des offices spéciaux, des veillées, des cérémonies d’accueil et d’adieu au tableau.
Cette pérégrination dura de 1957 à 1980.
En 1985, pour renforcer la dévotion personnelle à la Vierge, l’épiscopat Polonais inaugura la « petite pérégrination ».
Plusieurs dizaines de reproductions, de taille réduite, de la Vierge de Czestochowa furent faites puis bénies à Jasna Góra dans le but de les envoyer dans les différents diocèses polonais.
Ces petits tableaux allèrent de maison en maison, de famille en famille.
Le tableau de la Vierge de Czestochowa est un symbole puissant de l’histoire nationale
Les deux pérégrinations montrèrent la puissance symbolique du tableau de la Vierge de Czestochowa.
En effet, il évoquait l’histoire nationale et, d’autre part, il générait des émotions religieuses intenses.
Elles signifiaient aussi que l’Église renouait avec les formes populaires traditionnelles du culte des effigies, fortement ancrées dans la culture religieuse polonaise.
Une icône qui rassemble le peuple polonais
La position géographique de la Pologne fit que ce pays fut envahi par le Nord, le Sud, l’Ouest et l’Est.
Au moment des difficultés, la population se resserra toujours autour de la Madone et la pria.
Aussi fait-elle partie du patrimoine national. Le refrain de ce chant, nous l’avons chanté à plusieurs reprises au cours de notre pèlerinage.
Devant l’autel de la grande chapelle des mines de sel de Wieliczka, grâce à l’incomparable acoustique du site, il résonna avec force sans que cela offusque les autres visiteurs.
Une invitation à mettre notre espérance en Marie
Nous vous invitons à écouter cette interprétation faite par des enfants, le 11 Mars dernier, venu(e)s prier dans le sanctuaire pour l’ Ukraine.
Nous pouvons en méditer les paroles.
Elles nous invitent à toujours mettre notre espérance en Marie puisqu’elle nous indique le chemin à suivre.
Ne l’oublions pas, le sanctuaire du Jasna Gora établit à tout jamais Marie, reine de la Couronne Polonaise. Le sanctuaire est le lieu où l’on confie à Marie toutes les préoccupations individuelles, familiales et nationales.
Avec sa célèbre devise « Totus Tuus …Tout à Toi, Marie ». , Jean Paul II lui confia sa mission papale.
Nous vous invitons donc à découvrir sur le site, des extraits de l’acte de Consécration à Marie que fit, dans le sanctuaire, le pape Jean-Paul II au cours de son voyage apostolique en Pologne.
Georgette
Sources : Sanctuaire de Jasna Góra – Les pérégrinations de la Vierge : Cairn info – Mère et reine, la vierge de Czestochowa.
Illustrations : Photos personnelles Jean-Lucien G.