Appelés à la liberté (Ga 5, 1. 13-18)

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Dans sa lettre aux Galates, Saint Paul lance cet appel : « Vous frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais qu’ elle ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5, 13).

Cette exhortation nous invite à réfléchir sur le sens du mot liberté.

Qu’ est ce que la liberté ?

Aujourd’hui pour beaucoup, le mot liberté signifie souvent vivre sans contrainte, selon nos désirs.

Or, pour les philosophes des Lumières, la liberté revêt un sens politique. Elle s’articule autour de la loi.

Montesquieu en donne cette définition :

« Je suis libre quand personne ne m’empêche de faire ce qui est permis par la loi et quand personne ne m’oblige à faire ce que la loi interdit ».

Cette précision permet de comprendre que la liberté ne peut tout tolérer.

La journaliste, philosophe et politologue Hannah Arendt, quant à elle, en signale deux aspects.

  • la liberté-arrachement

Elle consiste en la libération de toutes les chaînes entravant le développement humain.

  • la liberté de suivre, sans contrainte, toutes nos envies

Dans ce dernier cas, toute obligation devient inacceptable, insupportable.

Cette vision de la liberté  s’apparente alors à la « toute puissance ».

Le rôle des lois

Toute loi passe par des interdits visant à protéger un individu, aussi bien des autres que de lui-même.

En conséquence, les règles marquent les limites à ne pas franchir.  Elles permettent la vie sociale.

Diane Drory (psychologue) souligne dans un de ses livres que : « Les règles, telle la colonne vertébrale du corps humain, permettent la stabilité du cadre de vie ».

Celles-ci, indispensables pour la cité,  permettent la « verticalité de l’ Homme ». Elles s’avèrent incontournables pour vivre une vie sociétale cohérente et harmonieuse.

Dans quel contexte Paul écrit-il sa lettre ?

La prédication de Paul permet aux Galates de se convertir au Christ. Mais après le départ de Paul, la communauté s’oppose vivement au sujet de la circoncision et des interdictions qu’énoncent la Torah.

En effet, certains de ses membres étaient d’origine juive tandis que les autres étaient des païens convertis au Christianisme.

Paul dans sa lettre donne son avis. Selon lui, la circoncision n’est pas indispensable pour les païens désirant recevoir le baptême.

Effectivement, à ses yeux la contrainte des pratiques et des rites du judaïsme est contraire à  l’ Évangile de la grâce.

Autrefois, la Loi consistait à préparer le peuple juif à l’accueil du Messie. Maintenant, par sa venue, le Verbe incarné, ouvre une nouvelle étape de l’ histoire humaine.

Pour Paul, la liberté est  une affaire de comportement

Pour Paul, l’homme doit lutter contre ce qui l’enferme dans les limites d’une véritable humanité.

En conséquence, la liberté consiste pour lui, à résister, avec l’aide de l’Esprit Saint, à la chair.

Par le mot « chair » il désigne les  instincts destructeurs que sont la colère, les addictions, la duperie, l’ égoïsme, la jalousie, …

Un appel à ne pas se soumettre à une loi qui enferme

Héritier de l’Ancien Testament, la véritable liberté pour Paul ne s’acquiert que dans le service car « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir… » (Mc 10, 45).

Alors, la soumission à une loi enfermant l’Homme dans une catégorie ou qui condamnerait  et jugerait, est donc inacceptable.

C’ est pourquoi Paul dit aux Galates :  « … si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi » (Ga 5, 18) puisqu’elle est maintenant caduque.

Puis il précise que  seule la loi inspirée par l’Esprit Saint permet à l’Homme de trouver : « l’ amour, la joie, la paix, la patience … et la maîtrise de soi ».

Pour conclure

Le Christ, par ses paroles, par sa mort et sa résurrection libère à tout jamais  l’Homme de l’esclavage de la « chair ».

En conséquence, la liberté chrétienne, cœur de l’ Évangile, ne consiste pas en une aliénation mais en une libération.

Fondement de la foi, de la morale et de la vie chrétienne, elle façonne notre conception de la fraternité.

C’est pourquoi nous pouvons méditer ce chant : « Laissez-vous mener par l′esprit sur les chemins de la justice.  Le vent de Dieu qui vous a pris fera de vous des hommes libres. Brisez le fer des vieilles lois…L’ amour est votre unique loi, prenez sans crainte ses passages … ».

Georgette

Sources : Marie-Noëlle Thabut, la Croix du 6-03-2009 et La Croix-Croire du 17-10-2019 (modification le 05-11-2020).

Illustrations : Pxhere CCO Libre de droit.

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