Le 13 juin, devant les missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), le pape François évoquait combien, à son âge, il était difficile de partir en mission.
En effet, suite à des ennuis de santé, le Vatican annonçait le report de son voyage en RD Congo et au Soudan, à une date ultérieure.
Or, sa présence était très attendue dans ces pays qui souffrent de la pauvreté et de nombreux conflits armés.
Afin de montrer sa proximité et sa préoccupation pastorale pour le peuple de ces deux pays, le pape François y envoie le Cardinal Pietro Parolin.
Sa visite dans les deux capitales aura lieu du 1er au 8 juillet prochains.
Au Vatican, le dimanche 3 Juillet, le pape François priera, avec toute la communauté congolaise présente à Rome, pour la paix.
Une visite très attendue par la population de Goma
Le pape François tenait à délivrer à la population de Goma un message d’amour, de consolation et de fraternité.
En effet, depuis plus de 20 ans, les régions Est de la RD Congo font face à l’insécurité. Elle est due aux groupes armes et à la cohabitation difficile entre les diverses communautés.
Actuellement, la province du Nord Kivu doit faire face à des attaques armées. De nombreuses personnes déplacées sont tuées ou mutilées.
En outre, des enfants viennent d’être déchiquetés par une bombe à une cinquantaine de kilomètres de Goma.
Cette situation provoque le déplacement des populations. D’après les sources de l’ OCHA, le Nord Kivu compte 1 606 343 personnes déplacées internes.
De plus, les mauvaises conditions d’accueil favorisent le choléra (1 449 cas de choléra recensés de janvier au 12 juin).
Dans cette région déjà très pauvre et où règne une grande insécurité, les organismes d’actions humanitaires continuent d’ y œuvrer.
En effet, les personnes déplacées ont un grand besoin d’aide en vivres, abris et moyens de subsistance…
L’art de la peinture murale pour inviter à la paix
Néanmoins, dans ce climat inquiétant, il faut saluer la belle initiative de l’académie Kivu Arts (AKA).
A Goma, ville de près d’un million d’habitants, de jeunes artistes lançaient le 25 mai 2022 une initiative intitulée « Jeunes, ensemble construisons notre pays ».
Le centre AKA accueille des jeunes venus de Bukavu dans la province du Sud-Kivu ainsi que des jeunes rwandais venant de la ville voisine de Gisenyi de l’autre côté de la frontière.
Ce projet a pour mission de prêcher la paix, la non-violence, l’éducation civique et l’éducation environnementale auprès des jeunes. Il les appelle à la paix et à la responsabilité
Le muralisme, un art engagé et politique
Cette forme d’art, appelée le muralisme, est née au Mexique suite à la révolution de 1910. Aussi, prendre l’espace public pour pointer du doigt un problème à résoudre était un acte politique.
Compréhensibles et lisibles par tous, les peintures murales formaient un art populaire engagé et pédagogique qui se répandit partout dans le monde.
L’œuvre muraliste est un outil de communication. Il permet de créer un lien entre l’art et la vie quotidienne, la création et les défis sociétaux.
En tant qu’art de rue, il est gratuit et ouvert à tous, sans distinction sociale ou culturelle ; presque démocratique.
Le but des fresques murales de Goma
Artiste visuel depuis plus de 17 ans, Thierry Vahwere Croki, 37 ans, est l’un des initiateurs de ce grand projet artistique.
Alors que la tension entre la République démocratique du Congo et le Rwanda s’intensifie, il explique cette initiative :
« … à l’approche des élections, il est temps de sensibiliser les jeunes à la consolidation de la paix, à l’éducation civique et à la bonne gouvernance. Dans cette région et dans notre pays, nous devons nous mettre ensemble pour chercher cette paix si longtemps oubliée. Chacun doit apporter sa pierre pour la construire ».
Conclusion :
Alors que la guerre en Ukraine demeure préoccupante, d’autres conflits entraînent des souffrances humaines à grande échelle.
L’ organisation des Nations unies (ONU) classe le Yémen comme la pire situation humanitaire au monde.
De surcroît, d’autres conflits existent en Éthiopie, à Haïti, dans de nombreux pays d’Afrique (Mali, RD Congo, Soudan …). Il en est de même pour d’autres régions du monde.
Néanmoins, dans ce contexte inquiétant, ces fresques colorées, invitant à dépasser les préjugés et les clichés, sont une invitation à espérer.
Nous l’avons constater au patronage, peindre est, pour les jeunes, un excellent moyen d’apprendre la tolérance, d’exprimer ce que, au plus profond d’eux-mêmes, ils ressentent et désirent.
Cette initiative de l’académie Kivu Arts (AKA) de Goma est donc, pour tous, l’occasion de réfléchir sur la manière d’éduquer à la non-violence et avec le pape François de prier pour la paix dans le monde.
Georgette
Sources : ONU Info – TV5 monde – Street Designer
Illustrations : Pxhere – CCO Domaine Public – Photos Jean-Lucien G. (Dessins des enfants du patronage)