Chaque année, le 14 Septembre, l’ Église fête la croix Glorieuse. Pourquoi fêter une croix instrument de supplice et quel en est le sens ?
Une fête qui s’ancre dans l’histoire biblique
Si nous la fêtons en septembre, c’ est pour honorer la grande fête de l’ Expiation, que le livre du Lévitique fixe « le dixième jour du septième mois » (Lévitique 23, 27).
Il s’ agit de la fête du Yom Kippour, le grand pardon, que nos frères juifs célèbrent chaque année.
Comment se déroulait cette fête
Pour en comprendre le sens, il faut relire le chapitre 16 du Lévitique.
En effet, ce jour-là, le grand prêtre pénétrait dans le saint des saints pour un sacrifice inhabituel. Dans un premier temps, il sacrifiait un taureau pour ses propres péchés, puis il en prenait deux autres.
Il en immolait un pour le péché du peuple et aspergeait la Tente du rendez-vous de son sang. Ensuite, il prenait l’ autre bouc, lui posait les deux mains sur la tête, confessait sur lui les péchés de tout le peuple, et l’ envoyait au désert afin qu’ il y emmène les fautes, loin des hommes (Lévitique 16, 21-22).
Ainsi, c’ est de ce rituel que vient l’expression de « bouc émissaire ». Celui-ci n’ est autre que celui qui porte, pour les autres, la responsabilité d’ une faute commune.
Jésus-Christ, grand prêtre et victime offerte et sacrifiée
L’ épître aux Hébreux voit dans cette fête « une figure » :
« C’ est là une préfiguration pour le temps présent : les dons et les sacrifices qui sont offerts ne sont pas capables de mener à la perfection dans sa conscience celui qui célèbre le culte » (Hb 9, 9).
En effet, Jésus deviendra à la fois le grand prêtre et la victime offerte, sacrifiée, celle qui porte tout afin que désormais, le Temple soit définitivement ouvert à tous.
L’ évangile de Jean et le serpent d’airain
En ce jour de fête, c’ est l’évangile de Jean que la liturgie nous propose. Malgré sa brièveté, il est un peu énigmatique.
En effet, quel est le sens de cette comparaison entre le Christ crucifié, la croix glorieuse et le serpent du désert ?
Pour comprendre il faut encore relire un passage de l’Ancien Testament. Celui du livre des nombres (21, 6-9).
La symbolique du serpent d’airain
Pendant l’Exode, le peuple connaît bien des épreuves. La marche est longue, interminable et, de plus, il faut manger ce qu’il y a, jour après jour.
Les Hébreux récriminent donc contre Dieu et contre Moïse. À quoi bon la liberté si l’ eau manque et si l’ on ne mange pas à sa faim.
Devant leurs récriminations, Dieu leur envoie une nouvelle épreuve : celle de la morsure mortelle des serpents.
Or, dans la bible, le serpent n’ est pas une figure anodine. Il rappelle celui de la Genèse que l’ Apocalypse nomme le Diable (le Diviseur) ou Satan (l’ Accusateur).
C’ est pourquoi Dieu demande à Moïse de dresser un serpent d’airain sur un mât. En cas de morsure, afin de ne pas mourir, les hébreux doivent le regarder bien en face.
Cela signifie que, regarder en face le serpent, c’ est oser « voir » en eux ce qu’ il convient de redresser pour obéir à Dieu. C’ est cette démarche qui permet de guérir et de vivre avec Dieu !
En quelque sorte, ce qui peut sembler être un geste idolâtre ouvre déjà le chemin de la résurrection.
Symbolique chrétienne de la croix
Dans la symbolique chrétienne, la croix présente un double visage. Elle est à la fois signe de la passion et de la mort violente du Christ.
A cet égard, elle ne mérite pas de devenir un objet de vénération.
Cependant, très tôt, les chrétiens voient en celle-ci l’image du sacrifice par lequel Jésus sauve définitivement l’ humanité du péché et de la mort.
Désormais, nulle besoin de sacrifices sanglants en réparation des péchés.
La « Croix glorieuse »
Lorsque Jésus porte sa croix pour monter sur le lieu de son supplice, la croix n’a rien de glorieux.
Au contraire, elle est infamante car, nous le savons, c’ était l’instrument d’ un supplice avilissant. C’ est par l’épée que les citoyens romains étaient mis à mort. Mais Jésus, qui ne l’était pas, fut livré à l’ occupant romain.
Cependant, la croix, cet instrument de supplice qui occasionnait une agonie longue et douloureuse devient, par la résurrection, une croix glorieuse.
En effet, il n’ y a désormais plus de place pour le péché qui détruit puisque la résurrection signifie que la miséricorde de Dieu nous enveloppe et nous fait revivre.
Si le voile du temple qui séparait Dieu des Humains se déchire, c’ est pour que nous comprenions que désormais il n’ y a plus besoin de temple pour honorer Dieu puisque le corps de l’ Homme devient le temple de l’ Esprit.
Ainsi, la croix de malédiction est désormais celle de la Gloire de Dieu car, en envoyant son Fils dans le monde, Dieu vient signifier à l’humanité qu’il ne juge pas et qu’il veut que le monde soit sauvé :
« Le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu… En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1, 1 et 4).
« Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 17).
Pour conclure :
Puisque Jeudi nous fêtions la Croix Glorieuse, méditons cet extrait de l’audience générale du pape François du 12 Avril 2017.
Georgette
Sources : La croix croire : 14 Septembre, pourquoi fêter la croix glorieuse et le grand pardon des péchés.
Illustrations : Photos Jean-Lucien G.