En juillet dernier, le pape François devait, au cours de son voyage en R.D.-Congo, se rendre à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Or, en raison de la recrudescence des combats et des risques pour sa sécurité, il fut annulé.
Toutefois, ce mercredi 01 février, il rencontrait à la nonciature apostolique de Kinshasa des témoins des violences extrêmes qui règnent dans l’ Est de la R.D-Congo.
Un conflit durable et cruel
Depuis plus d’un quart de siècle, plus de 120 groupes armés et milices se disputent les terres et le pouvoir.
Or, depuis la fin de l’année 2021, avec la résurgence du groupe rebelle M23, les combats, d’ une extrême cruauté s’ intensifient.
Les habitants sont massacré(e)s, affamé(e)s et les viols deviennent une arme de guerre.
Pourquoi cette guerre qui ne dit pas son nom ?
Ces régions regorgent de richesses minières (cobalt – coltan – uranium …)
Or, l’ un de ces minerais, le coltan (colombo-tantalite) contient du tantale, un des composants des téléphones et des ordinateurs portables.
Le sous-sol du Kivu concentrerait plus des deux tiers des réserves mondiales de ce métal.
C’ est l’ une des raisons pour laquelle cette région est particulièrement convoitée.
En conséquence, ces richesses minières sont à la fois la bénédiction et la malédiction de la R.D. Congo ( l’ une des cinq nations les plus pauvres du monde).
En effet, afin de se les approprier, elles alimentent ces violents conflits.
Des situations précaires
Cette situation entraîne le déplacement de près de 6 millions de personnes. Selon les Nations Unies, les réfugié(e)s vivent dans des conditions très précaires.
De plus, l’ hygiène déplorable régnant dans ces camps risque de provoquer des épidémies de fièvre typhoïde et de choléra.
De surcroît, une insécurité alimentaire extrême menace la population.
Des déplacés de guerre fuient vers la ville de Goma, dans l’est de la République du Congo,
L’ un des habitants de Goma, partage sa peine de vivre dans cette ville qui devient un mouroir. Il témoigne :
« L’ espérance de vie d’un Gomatracien est de 24 H renouvelable … nous ne savons pas si demain nous serons encore en vie alors que nous ne sommes pas malades ».
Des témoignages bouleversants
Des survivants des atrocités commises dans l’ Est de la R.D-Congo font devant le pape François, le récit de ce qu’ ils vécurent dans leur chair.
Le pape François, très à l’écoute est visiblement ému par les témoignages de trois enfants, marqués à vie par le massacre de leur famille.
Insupportable aussi, le récit d’ une survivante de viol âgée de 17 ans au moment des faits. Avec ses deux jumeaux issus de ces abus sexuels, elle témoigne elle aussi de ce qu’ elle endura.
Toutefois, par un geste symbolique, tous ces témoins se disent prêts à pardonner. Ils déposent au pied de la croix l’ instrument de leur calvaire (machette, couteau, natte …)
A la fin de la rencontre avec le pape François, ils s’ engagent solennellement au pardon en prononçant ces mots :
« Nous nous engageons à nous pardonner mutuellement et à fuir tout chemin de guerre et de conflit pour résoudre nos divergences ».
Le pape François sous le choc
Visiblement affecté, il déclare aux témoins :
« Face à la violence inhumaine que vous avez vue de vos yeux et éprouver dans votre chair, on reste sous le choc ».
Puis il réaffirme son attachement aux habitants de l’Est de la R.D-Congo :
[« À vous, chers habitants de l’ Est de la R.D.C, je veux dire que je suis proche de vous – « Vos larmes sont les miennes » – « Votre souffrance est la mienne »].
Le monde doit savoir ce qui se passe ici
C’ est le désir exprimé par le pape François.
Or, derrière ce souhait, il faut comprendre qu’ il pose au monde la même question que celle que Dieu pose à Caïn :
« Qu’ as-tu fait de ton frère ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! » (Gn 4, 10).
Pour conclure :
Certes nous sommes bien démuni(e)s devant tous ces conflits qui ensanglantent notre planète. Que faire ?
Nous pouvons prendre le temps de méditer cet extrait de l’ homélie faite par le pape François au cours de la messe pour la paix et la justice à l’ aéroport de Ndolo le 01-02-2023 :
« … Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, doivent être, par définition, la conscience de paix du monde :
non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ;
pas ceux qui revendiquent leurs droits mais ceux de l’ Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ;
non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’ amour fou que Dieu a pour chaque être humain ».
Aussi devons-nous demander au Christ de nous aider :
- à être d’ authentiques témoins de son amour.
- mais aussi pour que nous restions attentifs à ce qui se passe dans le monde et pour que nous prions avec insistance pour la paix.
- pour que la dignité humaine devienne pour l’ humanité une priorité.
Vous pouvez relire l’ intégralité de cette homélie en cliquant sur le lien ci-dessous :
Georgette
Sources : La Croix Africa – Radio Okapi (Informations pour la paix et le développement de la R.D.C.)
Illustrations : Pxhere – CCO domaine public