En Avril prochain, des pèlerins de notre groupement paroissial feront un pèlerinage, à pieds, de Coutances jusqu’ au Mont Saint Michel.
A cette occasion, mais aussi pour l’ année du millénaire de la construction son abbaye, découvrons l’ histoire de sa construction.
Ses deux classements nous en indiquent la valeur exceptionnelle et universelle.
En 1023, les bâtisseurs posaient les premières pierres d’ une grande abbaye romane sur l’ îlot rocheux du Mont Saint Michel.
Sa construction complexe demanda plusieurs décennies.
En 1979, le « Mont Saint Michel et sa baie » furent l’ un des premiers sites à figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’ UNESCO.
Puis, une vingtaine d’années plus tard, il obtint le titre de « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».
L’ histoire de la construction du Mont Saint Michel
La légende raconte que l’ Archange Michel apparu à saint Aubert, évêque d’ Avranches trois fois de suite.
Celui-ci lui demanda, à l’ image du sanctuaire de Monte-Gargano (province des Pouilles en Italie), lieu où l’ archange était d honoré depuis le 5eme siècle :
- d’ ériger un oratoire sur le Mont Tombe, rocher austère et isolé.
Celui-ci s’ élevait dans une baie formée par la réunion des côtes de la Normandie et de la Bretagne.
En 966, le duc Richard 1er de Normandie installa sur le Mont des moines bénédictins.
Après leur installation et la construction de l’ abbatiale romane (commencée en 1023), il devint :
- un important lieu de pèlerinage pour tout l’ occident Chrétien.
Les pèlerins venaient y demander la protection de Saint Michel et le salut de leur âme.
En parallèle, l’ abbaye commença au moyen-âge :
- à produire, conserver et étudier un grand nombre de manuscrits.
Grâce à l’ accueil des pèlerins de toutes conditions et de toutes régions, elle devint un véritable carrefour politique et intellectuel.
Parmi eux figurent plusieurs rois de France et d’Angleterre :
- Henri II Plantagenêt, Saint Louis, Louis XI, Anne de Bretagne, François 1er ….
Une forteresse du duché de Normandie
Point stratégique en plein cœur de la baie, l’ abbaye fut aussi, au Moyen Âge, une forteresse du duché de Normandie.
Pendant la guerre de Cent Ans, de nombreux conflits eurent lieu dans la région.
Cependant, grâce à l’édification de puissants remparts et au va-et-vient des marées, le Mont Saint Michel résista.
Toutefois, en 1421, aux pires heures du siège anglais, le chœur roman de l’ église s’ effondra.
Sa reconstruction, dans un style gothique flamboyant, ne commença qu’ un siècle plus tard.
Enfin, à partir de 1423, le Mont subit un siège anglais. Il en sortira victorieux en 1434.
Dès lors, pour le royaume de France, il devint un symbole de victoire.
Une abbaye qui devint une prison
Au 17eme siècle, l’ intérêt pour les pèlerinages diminua fortement.
C’ est alors que les moines mauristes, successeurs des bénédictins, virent arriver des prisonniers écroués sans jugement sur ordre du roi (le pouvoir les jugeant indésirables).
C’ est ainsi que, peu à peu, l’ abbaye se transforma en prison.
Le mont reçu alors le surnom de la Bastille des Mers.
Puis, au moment de la Révolution Française, l’ État nationalisa les biens du clergé et chassa les moines.
Au 19eme siècle, devenue « maison centrale » afin d’ accueillir de nombreux prisonniers de droits communs ou politiques (parmi eux figurèrent Armand Barbès et Auguste Blanqui, farouches opposants à la monarchie de Juillet),
- la plupart des espaces de l’ abbaye furent réaménagés.
Cependant, cette période carcérale, bien que sombre, contribua à sauvegarder l’ abbaye d’ une destruction complète.
Le sauvetage de l’abbaye
Au moment de la fermeture définitive de la prison en 1863, elle était totalement délabrée.
Toutefois, le concept de patrimoine qui voit le jour à cette époque, permettra sa sauvegarde.
C’ est ainsi que, grâce à son classement au titre des Monuments Historiques en 1874, des travaux de restauration commencèrent.
Le Mont Saint Michel, grâce à l’ aménagement de ses abords, reçut alors les premiers touristes de son histoire.
Le renouveau monastique
À la suite de la célébration du millénaire monastique en 1965-1966, l’ abbaye accueilli à nouveau en 1969, une petite communauté de moines bénédictins.
Puis, en 2001, les Fraternités monastiques de Jérusalem la remplacèrent .
Aujourd’hui, une communauté de six sœurs et une de cinq frères y vivent la mission confiée par l’ Église :
- être « au cœur du monde » pour être « au cœur de Dieu ».
Une vie s’ articulant autour de trois piliers
- la prière, le travail et la vie fraternelle.
Prier avec et pour tous ceux qui passent au Mont ; voici la mission donnée par l’ Église aux moines et moniales. Nous pouvons découvrir quelques-unes de leur règle :
« Tu n’ as pas choisi de séparer la prière et la vie mais de les unifier. De porter ta prière dans la ville et d’ accueillir en ta prière la ville. De vivre le lien entre l’ action et la contemplation, le travail et la contemplation, la rue et la contemplation» (Livre de Vie de Jérusalem, §14).
« Comme le chante le psalmiste, tu rendras grâce dans la grande assemblée et dans un peuple nombreux tu loueras Dieu. C’ est à cela que Dieu t’ a appelé, et lui-même se complait en son peuple. Tu as reçu pour cela une mission de louange et d’ intercession.» (Livre de Vie de Jérusalem, §22).
Mgr Stanislas Lalanne, qui fut évêque de Coutances et Avranches de 2007 à 2013, résume par ces mot la fonction de l’ Abbaye du Mont-Saint-Michel :
- « Elle est un lieu où s’élèvent les regards et mais aussi les esprits » .
En conséquence, convaincu(e)s que la beauté de la liturgie touche le plus grand nombre, les frères et sœurs y célèbrent avec soin la liturgie de l’ Église.
Ici, au cœur de l’ abbatiale, afin de rendre visible par le beau, la mystérieuse et invisible présence de Dieu dans le monde, tous les sens sont sollicités :
- par des icônes pour les yeux,
- de l’ encens pour l’ odorat,
- des chants en polyphonie à quatre voix de frères et sœurs pour l’ ouïe.
Pour conclure
Mille ans après sa construction, l’ abbaye du Mont Saint Michel reste l’ un des sites les plus visités en France.
Fidèle à sa vocation, il rassemble pèlerins et touristes venus du monde entier pour admirer cette prouesse architecturale complexe.
De surcroît sa verticalité, évoquant sa transcendance, interpelle les pèlerins venus y prier. En effet, cet aplomb nous convie à relier, par nos prières, le ciel et la terre.
Prochainement, nous découvrirons l’ étonnant alignement de sept sanctuaires (depuis l’Irlande jusqu’ en Israël) qui sont tous dédiés à saint Michel.
Georgette
La troisième apparition de saint Michel et Vitrail de saint Aubert
Le mont saint Michel vu d’ Avranches
Montée vers l’ Abbaye
Les cachots
L’ abbatiale – le cloitre – La flèche de l’église abbatiale représentant saint Michel
Le Chœur gothique flamboyant de l’ église abbatiale et le cloître
Quelques vues sur la baie depuis les remparts
Illustrations : Wikimédia Commons pour la troisième apparition de saint Michel à saint Aubert en 706, chromolithographie d’après une gravure du XIIe siècle et le vitrail de saint Aubert Libre de partager
Photos de l’ abbaye Jean-Lucien G.
