Les hommages à Jacques Delors
Décédé le 27 décembre à l’ âge de 98 ans, une cérémonie d’ hommage national, en présence de nombreux chefs d’état et de gouvernement, eut lieu le vendredi 5 Janvier aux invalides.
Au cours de celle-ci, dans son discours, le président Emmanuel Macron soulignait :
- La foi et le parcours politique d’ un homme qui a toujours voulu : « réconcilier la France avec l’ Europe ».
Le lendemain, ses obsèques furent célébrées à Fontaine-la-Gaillarde (Yonne) dans la stricte intimité familiale.
Mgr Hervé Giraud, archevêque de Sens-Auxerre la présidait tandis que Mgr Antoine Hérouard (vice-président de la Commission des épiscopats de l’Union Européenne) prononçait l’ homélie.
Pour la lire dans son intégralité, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous :
L’ homme de foi
Toute sa vie, Jacques Delors cultiva une foi discrète héritée de sa mère. Il l’ a également vécu au sein de son couple avec son épouse Marie décédée en 2020.
Puis, lorsque les déplacements devinrent difficiles, il suivit la messe à la télévision.
Enfin, dans la dernière année de sa vie, un prêtre de la paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas, dans le 5e arrondissement de Paris, lui apporta la communion à son domicile.
Il lui commentait également les lectures du jour.
Une foi assumée mais pas instrumentalisée
Marqué par son parcours à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), Jacques Delors s’ engagea à la Vie nouvelle, association d’ éducation populaire attachée à l’ esprit de l’ humanisme chrétien.
Il fut un proche du prêtre et théologien jésuite Henri Madelin, qu’ il appelait son « directeur spirituel ».
Enfin, plusieurs figures du catholicisme social nourrirent sa réflexion.
Parmi eux Jacques Maritain et surtout Emmanuel Mounier « sa grande inspiration philosophique ».
Pascal Lamy, dans les colonnes de la Croix soulignait :
« L’ engagement actif de Jacques Delors, que ce soit dans le patronage du quartier parisien de Ménilmontant, dans le syndicalisme, à la CFTC puis à la CFDT ainsi que dans les nombreux clubs qu’ il rejoignit ou créa : de La Vie nouvelle à Témoin en passant par Échange et projets. »
Enfin, pour Sébastien Maillard, ancien président de l’ Institut Jacques-Delors et ancien correspondant de La Croix au Vatican,
- « Si sa spiritualité alimenta son action politique, il ne l’ a mis cependant jamais en avant. »
En effet,
- «Il n’ instrumentalisait pas sa foi … Il l’ assumait sans la cacher mais sans la porter en bandoulière.»
Artisan du dialogue entre l’ Union Européenne et l’ Église
Avec le lancement en 1994 de l’ initiative :
- « Une âme pour l’ Europe »,
l’ ancien ministre des finances posa les premiers jalons du dialogue entre l’ Union européenne et l’ Église catholique.
C’ est ainsi que, grâce à lui, la formalisation des échanges entre les organisations religieuses et l’ UE sera inscrite dans le droit la décennie suivante.
Jacques Delors reçut à deux reprises Jean-Paul II :
- la première fois en 1985 lors de la visite du pape auprès des instances européennes ;
- la seconde, trois ans plus tard, lors de sa venue à Strasbourg.
Bien que cordiales, ces rencontres ne répondront cependant pas à toutes les attentes de l’ artisan de la construction européenne.
Son admiration pour le pape François
Vingt-cinq ans plus tard , Jacques Delors, qui était abonné à La Croix et à la revue Magnificat, accueillait l’ élection du pape François en 2013 avec une plus grande connivence.
Et sa sympathie ne fera que grandir au fil du pontificat.
La journaliste Cécile Amar, l’ une de ses proches amies, témoigne de son admiration pour le pape :
- « Il lisait toutes ses encycliques, du début à la fin, il les attendait. Il a évidemment suivi à la télévision la messe du pape à Marseille en septembre.
Avec ses proches, il parlait des déclarations, discours ou voyage du pape ».
D’ ailleurs, en signe de cette affinité, deux prières du pape François furent lues au cours de la célébration des obsèques :
- D’ une part, un extrait de la prière du 23 octobre 2023 concernant les migrants ;
- Et d’autre part, un extrait de la bénédiction Urbi et Orbi du 25 décembre dernier.
Enfin elle confie combien :
- « La fraternité, l’ ouverture au monde, l’ accueil étaient des valeurs extrêmement importantes et étaient pour lui, profondément, les valeurs de l’ Église »
Mais aussi que :
- « Ce qui était frappant quand vous alliez chez lui, c’ est qu’ il y avait des textes religieux partout, la Bible dans son bureau, des commentaires, des revues ».
Pour conclure
Du 6 au 9 juin 2024, des millions d’ Européens contribueront à façonner l’avenir de la démocratie en Europe lors des élections européennes.
C’ est un moment unique qui permet à tous de décider collectivement de l’ avenir de l’Union européenne.
Dans cette perspective, puissions nous méditer cette réflexion de Jacques Delors faite en 1992.
Il consultait alors les courants spirituels, y compris la Fédération des non-croyants pour dire l’ urgence de réveiller la conscience européenne :
« Si dans dix ans, nous n’avons pas réussi à donner une âme, une spiritualité à l’ Europe, nous aurons perdu la partie. »
L’ équipe du site internet
Sources : La Croix – · Alice d’Oléon et Matthieu Lasserre, le 05/01/2024
Illustration : Wikimédia Commons – Jacques Delors lors d’une réunion en avril 2009 – Auteur Rémi Jouan – Licence GNU Documentation – Libre de partager.