Le « mystère » du mariage chrétien (Ep 5, 21-32)

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La seconde lecture de ce 21eme dimanche du temps ordinaire est souvent mal comprise.

Surtout dans nos sociétés où nous entendons, à juste titre, parler abondamment des droits de la femme, de son indépendance, de son égalité avec   l’ homme, etc…

Aussi est-ce une occasion de nous interroger sur le sens réel du mot soumission.

Qu’ est ce que la soumission dans la Bible ?

Elle est une attitude de l’ âme par laquelle il nous est demandé de faire nôtre, d’ accepter la volonté de Dieu.

Toutefois, il ne faut pas la confondre avec la résignation.

En effet, rappelons-nous que le Christ lui-même implora son Père :

«  …. Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’ il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26, 39)

« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22, 42).

Jésus nous donne donc le  modèle de cette soumission au jardin de Gethsémani.

Un texte centré sur l’ Église corps du Christ.

C’est pourquoi, pour mieux comprendre ce texte, il est indispensable de l’ étudier dans son contexte biblique puisqu’ il doit nous aider à comprendre la gloire que Dieu a voulu nous conférer en nous créant homme et femme et en nous appelant à l’ union charnelle.

Saint Jean-Paul II, citant l’encyclique Gaudium et Spes rappelle que ce passage de la lettre aux Éphésiens :

Manifeste pleinement l’ homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation.

Ce texte important concerne le corps mais aussi la personne humaine toute entière car :

  • C’est à travers le corps que l’ être humain entre en relation avec les autres et avec Dieu.

Aussi cette notion entraîne-t-elle des conséquences dans les domaines :

  • de la bioéthique,
  • de la vie sexuelle et familiale,
  • la dénonciation des mutilations, de la prostitution, de la torture …(GS 27),

L’ être humain, corps et sacrement

Aujourd’hui, l’ Homme « moderne » récuse l’ idée de mystère signifié par le corps.

Il ne peut concevoir que celui-ci puisse être théologique, qu’ il est Temple de Dieu.

En conséquence, le corps, simple enveloppe charnelle, peut être manipulé et asservi. Aujourd’hui, le mot clé est devenu l’ autosatisfaction.

Or, pour Saint-Paul, le corps parle un langage mystique. Il nous dit quelque chose du grand mystère. Pour les chrétiens, le maître mot inscrit dans notre corps est le don de soi.

C’est pourquoi Jean-Paul II rappelait qu’ il est sacrement de la grâce. Il est un signe  de l’ Amour de Dieu qui choisit de s’ incarner. Le Christ, de condition divine choisit d’ assumer complètement notre humanité : Il est totalement Homme et Dieu.

Un appel à une vie nouvelle dans le Christ.

Cette lettre d’ instructions sur la vie des Époux et de la famille est un appel à une vie nouvelle dans le Christ. Elle doit aider à comprendre le don de son amour, lui qui s’abandonna totalement entre les mains de son père.

D’ ailleurs, il faut noter que le texte commence par :

« Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres »

Puis il poursuit :

« les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête,  tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps.

Et enfin il précise :

« Vous, les hommes, aimez votre femme à l’ exemple du Christ :  il a aimé l’ Église,  il s’ est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’ eau baptismale…

Il voulait se la présenter à  lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée.

C’ est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’ aime soi-même.

Jamais personne n’ a méprisé son propre corps :  au contraire, on le nourrit, on en prend soin ».

Pour conclure :

Pour Paul, la soumission dont il est question n’ est donc ni abaissement, ni obéissance servile… Il s’agit pour les époux de :

« Considérer le bien de son conjoint avant le sien propre. »

Et c’ est uniquement la réciprocité de cette attitude – le don et la réceptivité au don par le don en retour – qui assure un amour authentique.

Aussi les conseils que saint Paul donne ici s’inscrivent-ils dans sa réflexion sur le mystère du Christ :

« Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’  Église. » (v.32).

Aussi appelle-t-il le couple humain à devenir le reflet de l’ amour du Christ pour son  Église qui, pour l’ensemble de l’ humanité, s’ inscrit dans l’ amour de Dieu.

Alors, comprenons que, dans le vocabulaire de Paul, être soumis veut dire tout simplement :

« Faire confiance »

La soumission signifie :  être courtois, encourageant, soutenir et valoriser son conjoint. Cela implique de mettre autrui avant soi-même. La soumission dans un couple est un acte d’amour réciproque.

Georgette

Source : Théologie du corps – Un regard catholique sur l’ amour et la sexualité, d’après Jean-Paul II.

Illustrations : Pixabay Licence – Pas d’attribution requise.

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