Le passage de la lettre aux hébreux, lu en ce 30ème dimanche du temps ordinaire, nous parle :

• De la fonction du grand prêtre dans la Bible.

Il évoque également le sacerdoce du Christ. Tout au long de son épître l’ auteur précise bien qu’ en Lui tout est nouveau mais cependant dans la continuité de l’ Ancien Testament :

[« … Il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ ai engendré car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité »] (He 5, 5-6).

Qui est donc Melkisédek ?

Ce mystérieux personnage Biblique apparaît brièvement en Genèse où il est présenté comme :

• Melkisédek (Melki=roi et Tsedek = justice) ou Melkisédek.

Son nom signifie « Roi de Justice » mais aussi Roi de paix puisqu’ il est roi de Salem (Salem = paix) (He 7, 2) dont la localisation est inconnue.

Cependant, certaines traditions juives et chrétiennes identifient « Salem » à « Jérusalem » puisque sa racine est en effet la même et fait référence au dieu Shalem (le nom  « Jérusalem » signifie  « Fondation du dieu Shalem »).

De plus, Melkisédek est présenté comme prêtre du dieu Élyôn dont la tradition postérieure associa ce dieu à Yhwh, le dieu des Israélites.

Ce qui fait de lui un prêtre du dieu Yhwh à Jérusalem.

Il apparaît par deux fois dans l’Ancien Testament :

1) Dans le livre de la Genèse : [« Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut. Il le bénit en disant : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre, et béni soit le Dieu très-haut… Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris »] (Gn 14, 18-20).

2) Dans un psaume : [« Le Seigneur l’a juré dans un serment irrévocable : « Tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melkisédek »] (Ps 109 (110) 4).

Puis Paul, dans le chapitre 7 de sa lettre aux Hébreux apporte une autre précision :

« … à son sujet, on ne parle ni de père, ni de mère, ni d’ ancêtres, ni d’ un commencement d’ existence, ni d’ une fin de vie ; cela le fait ressembler au Fils de Dieu : il demeure prêtre pour toujours » (He 7, 3)

Et enfin il précise que  :

« Les choses sont encore beaucoup plus claires si cet autre prêtre  (le Christ) se lève à la ressemblance de Melkisédek » (He 7, 15).

Il est donc évident que pour saint Paul, Melkisédek non issu de la lignée d’Aaron et premier à utiliser le pain et le vin en signe d’ offrande non sanglante est :

La préfiguration du Christ venu éclairer définitivement ce qu’ est exactement la fonction de Prêtre et de Roi, selon de désir de Dieu.

En conséquence, l’ Église fait référence à Melkisédeck dans la prière Eucharistique n° 1 :

« Comme il t’ a plus d’accueillir les présents d’Abel le juste, le sacrifice de notre père Abraham et celui que t’ offrit Melkisédeck ton grand prêtre en signe de sacerdoce parfait, regarde cette offrande avec amour et dans ta bienveillance, accepte-là… ». 

Le sacerdoce dans l’Ancien et le Nouveau Testament :

À  l’origine, il n’ y avait pas une caste de prêtres. Tout chef de famille pouvait offrir des sacrifices à Dieu.

Ce n’ est que peu à peu que des hommes appartenant à la tribu de Lévi puis, par la suite, à la famille d’ Aaron, furent mis à part pour exercer le ministère de prêtre.

Leur fonction était d’ assurer une médiation officielle entre Dieu et les Hommes (médiation à la fois ascendante et descendante).

• Dans leur fonction ascendante, ils avaient pour charge de représenter le peuple devant Dieu et de présider aux cérémonies religieuses (le grand prêtre portait le pectoral (plaque incrustée de douze pierres précieuses. Chaque pierre représentait une des douze tribus d’Israël ).
• Dans la fonction descendante, ils avaient la fonction d’ enseigner et de bénir.

En outre, l’ éphod (vêtement sacerdotal) soulignait la stricte appartenance du prêtre à Dieu dont l’ enseignement concernait plus particulièrement les coutumes rituelles, les interdits.

La bénédiction faisait également partie de la charge sacerdotale :

« Aaron leva alors les mains sur le peuple, et le bénit. Puis il descendit de l’ autel, après avoir fait le sacrifice pour la faute, l’ holocauste et les sacrifices de paix » (Lv 9, 22).

Enfin, la  lettre aux hébreux nous apprend que le grand-prêtre :

« Est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour leurs péchés » (He 5, 1).

Mais alors, que nous dit d’ inédit cette lettre de saint Paul aux Hébreux ?

Ce qu’ il y a nouveau, c’ est que, en parlant du Christ, il insiste sur un point bien particulier :

« Dieu l’ a proclamé grand prêtre de l’ ordre de Melkisédek » (He 5, 10).

Ce qui revient à dire à son auditoire, issu presque exclusivement du Judaïsme :

« La Loi de Moïse n’ a pas amené la perfection et le sacerdoce du prêtre avait besoin d’ être purifié !  »

En conséquence, si la mission du prêtre reste toujours la médiation et consiste toujours à être un pont entre Dieu et les Hommes,

Cette fonction n’ est plus exclusivement réservé à une caste.

En effet, elle est une vocation (du latin vocatio = action d’appeler et vocare = appeler).

Tout homme que Dieu appelle personnellement peut répondre librement à son invitation.

Ainsi, le véritable sacerdoce consiste dorénavant :

• À conduire l’ homme à Dieu, lui donner les moyens de sa propre rédemption (qui ne passe désormais plus par un sacrifice sanglant) mais par l’ offrande du pain qui nous rappelle que nous sommes appelés à devenir un seul corps.
• Mais également du vin (qui nous parle de la gratuité, de la fête)
  
• Et enfin guider tous les humains, sans exception, vers la lumière, vers la vie véritable.

Tous appelés à la triple fonction de prêtre, prophète et roi.

On dit que le Christ, l’ unique médiateur, fit de l’ Église

• « Un royaume pour Dieu son Père ».

Mais aussi que le baptisé, façonné à l’ image du Christ par l’ onction, devient à son tour :

• Prêtre, Prophète et Roi.

C’ est quoi être prêtre, prophète et roi à la manière du Christ ?

Être prêtre comme Jésus c’est :

• Apprendre aux hommes à se réconcilier avec Dieu,
•  C ’est témoigner qu’ il est amour et miséricorde,
•  C’ est les porter dans notre prière.

Quant à être prophète, c’ est :

• D’ une part,  annoncer la bonne nouvelle du salut,
• Mais aussi en enseigner les exigences.

Pour ce qui est d’ être roi, c’ est :

• Emprunter le chemin du service, du don de soi et travailler pour la justice et la paix.

Pour conclure 

Notre triple vocation de baptisé nous ne pouvons pas la mener, l’accomplir sans :

• L’ aide de Dieu, de la prière et sans celui des prêtres qui en vue de l’ Eucharistie :

Baptisent, confirment, bénissent ceux qui s’ unissent par le sacrement du mariage, entendent les confessions et pardonnent au nom du Christ et enfin soulagent les malades en leur imposant les mains.

Alors, n’ omettons pas de prier pour nos prêtres et pour les vocations :

Georgette

 Sources : Marie-Noëlle Thabut –  Religion orthodoxe, St Melkisédek– Homélie du dimanche, l’ Eucharistie selon Melchisédech

 Illustrations : Wikimédia Commons – Image mise en avant : Tempera sur panneau de Jaume Huguet (1445–1492), musée épiscopal de Vic ( Espagne, Catalogne) et Rencontre entre Abraham et  Melkisédek: Huile sur panneau de Dirk Bouts (vers 1420–1475) Retable à volets – La cène Collégiale Saint Pierre de Louvain (Belgique) – Libre de droit.