Être les réceptacles de la vie du Christ (Jn 2, 1-11)

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Ce 2eme dimanche du temps ordinaire nous invite à saisir l’ un des sens de l’ évangile de Jean : Les Noces de Cana

Dans le contexte de l’ Alliance,  l’ observation de la Vierge  : « Ils n’ ont pas de vin » (v. 3) est compréhensible.

Le vin, signe de la joie de la fête

En effet, comment est-il possible de célébrer les noces et de faire la fête s’ il manque le vin ?

Car les prophètes indiquaient cette boisson comme étant un élément typique du banquet messianique  :

« Le Seigneur de l’ univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. (Is 25, 6)

« … Les montagnes laisseront couler le vin nouveau, toutes les collines en seront ruisselantes.Je ramènerai les captifs de mon peuple Israël ; ils rebâtiront les villes dévastées et les habiteront ; ils planteront des vignes et en boiront le vin  » ( Am 9, 13-14 …)

« Les granges seront pleines de blé, les cuves déborderont de vin nouveau et d’ huile fraîche. » (Jl 2, 24)

Bien entendu, l’ eau est nécessaire pour vivre et la sobriété est recommandée.

Mais le vin est le signe de la joie de la fête. Or, s’ il vient à manquer pour une noce, c’ est une honte pour les époux.

Par conséquent, nous découvrons que la nécessité de cette boisson ne relève pas du seul besoin physique et matériel.

En réalité elle est également de l’ ordre social et culturel, voire religieux.

Au niveau symbolique

C’ est pourquoi, si nous situons cet évangile dans le contexte du Nouveau Testament, et particulièrement dans celui de Jean :

Il est impossible de faire abstraction du fait que cette noce fait référence à l’ alliance de Dieu avec le peuple Juif puisque :

  •  Les prophètes utilisaient régulièrement ce thème pour présenter Dieu comme l’ époux fidèle, celui qui ne reprend pas sa Parole.

Quant à Israël, c’ est la fiancée ou l’ épouse qui ne l’ est pas toujours. Or, malgré ses infidélités, Dieu reste patient et persévérant et ne rompt jamais son alliance.

C’ est d’ ailleurs ce que rappelle saint Jean :

« … la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jn 1, 17).

C’ est ainsi qu’ en transformant en vin l’ eau des jarres utilisées « pour la purification rituelle des juifs » (v. 6), Jésus accomplit un signe révélateur :

  •  La Loi de Moïse en Évangile devient porteur de joie.

« Tout ce qu’ il vous dira, faites-le  » (Jn 2, 5)

Cette expression rappelle la formule de foi utilisée par le peuple d’ Israël au Sinaï en réponse aux promesses de l’ alliance :

[ Le peuple tout entier répondit, unanime : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique. »]  (Ex 19, 8)

C’ est pourquoi servir le Seigneur signifie qu’ il faut écouter et mettre en pratique sa Parole.

Aussi est-ce la recommandation simple mais essentielle que nous donne Marie :

  • Le service doit être le programme de notre vie Chrétienne.

Anne Lécu dans son ouvrage À Marie nous rappelle que, le Vendredi saint, au cours de l’adoration de la Croix, nous pouvons chanter les Impropères.

En effet, cet hymne reprend la supplication que le Messie adresse à son peuple :

« Ô mon peuple, ô ma vigne, que t’ ai-je fait ? En quoi t’ ai-je contristé ? Réponds-moi ? » (Anne Lécu, Et vous les arbres et les animaux bénissez le Seigneur)

Or, cette interrogation s’ adresse à nous aussi !

Devenir des jarres pleines célébrant la joie

Que nous disent ces jarres vides qui servaient à la purification et qui maintenant sont pleines d’ un vin célébrant la joie ?

Pour répondre à cette question, nous pouvons méditer ce passage puisque, toujours dans le même livre :

  • Il nous demande d’ être les réceptacles de cet amour neuf transmis par le Christ :

« Les jarres qui servaient à la purification deviennent des vases pour le vin de fête…

Avec l’ entrée en scène de Jésus, l’ eau de la purification n’ est plus nécessaire car son sang nous a purifiés une fois pour toutes.

Ce qui compte ce n’ est plus le rite, mais le vin de la charité.

La purification ne vient pas de l’ extérieur, mais du dedans, de cette vie qui brûle en chacun de nous et dont la source est le Christ …

 Nous sommes ces jarres dont la fonction a changé. La purification est devenue inutile, car par sa passion, Jésus a purifié le monde.

Il n’ est plus besoin d’ autre geste de purification que cette attitude : 

  •  Nous tourner vers Lui et nous laisser transformer par Lui, en état les réceptacles de sa vie neuve … »

Pour conclure

En conséquence, la lecture de cet évangile nous invite à nous poser ces questions et faire une introspection :

Quel est ce vin dont la très riche dimension symbolique nous parle de vie, de connaissance ?

Signe de joie, il est dans la Bible un symbole de vie et bénédiction de Dieu.

Alors, qu’ est-ce qui nous manque, qu’ est ce qui dans notre monde , est toujours défaillant ?

Est-ce la vérité ? Est-ce la justice ? Est-ce la sagesse ? Est-ce la foi ? Est-ce la tolérance ? Est-ce l’ espérance ? Est-ce le silence ? Est-ce la confiance ? Est-ce la simplicité ? Est-ce le pain quotidien pour tous ? Est-ce le respect ? Est-ce l’estime de soi-même ? Est-ce la bienveillance pour autrui ? Est-ce la joyeuse bonté ? Est-ce la fidélité à Dieu et à nos frères et sœurs en humanité ?

Il incombe à chacun de laisser cette question descendre en nous pour interroger nos vies puis nous laisser transformer par le Christ !

Georgette

Sources : Oratoire du Louvre – Anne Lécu : À Marie p. 103.

Illustrations : Pixabay Licence – Pas d’attribution requise.

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