Pour entrer dans un dialogue apaisé avec l’ Islam, il serait nécessaire de re(lire) le livre le Gentil et les Trois Sages. Il  fournit des clés pour un dialogue constructif entre les trois religions monothéistes.

Le Bienheureux Raymond Lulle (1232 -1315)

Wikimédia Commons – Statue de Raymond Lulle

Université de Barcelone – Domaine Public

Son œuvre immense comprend des ouvrages de théologie, de philosophie, de science et de pédagogie, des romans philosophiques, des poèmes mystiques de toute beauté.

C’ est ainsi qu’ il résumait ainsi sa vie :

« J’ ai été marié, j’ ai eu des enfants, j’ ai été riche, j’ ai aimé le monde et ses plaisirs. Puis j’ ai tout quitté pour la gloire de Dieu.

J’ ai appris l’ arabe pour propager la vraie foi, je me suis rendu chez les Sarrasins où j’ ai été flagellé et incarcéré. J’ ai tenté d’intéresser les chefs de l’ Église et les princes chrétiens au bien public. »

Il encourageait l’ étude de la religion musulmane et de la culture orientale. Il fit plusieurs missions en Afrique, dont trois à Tunis, pour annoncer l’ Évangile aux infidèles barbaresques dont il connaissait bien la langue.

Religieux du Tiers-Ordre de saint François cet homme de science éminente et de doctrine éclairée :

• Instaura un dialogue fraternel avec les Sarrasins.

Le gentil et les trois sages (résumé)

Photo Jean-Lucien G. – Dessin patronage

Trois sages, un Juif, un Chrétien et un Musulman se rencontrent à la sortie d’ une ville. Ils croisent un païen (le Gentil).

Ignorant l’ existence de Dieu, il vit dans l’ angoisse et le désespoir. À sa demande, ils lui démontrent l’ existence d’ un Dieu unique. Pour en témoigner, les trois sages restent d’ une grande tolérance. Mais lorsqu’ ils doivent expliquer les différences de croyances cela devient plus compliqué. Le gentil intervient pour que le dialogue reste courtois et pour que les uns et les autres ne tombent pas dans une polémique stérile. Chacun s’ adresse au Gentil dans l’ ordre chronologique de fondation. Après avoir écouté, interrogé, le Gentil remercie les trois sages de l’ avoir éclairé. Il est maintenant apte à choisir sa religion. Quant aux trois sages, ils désirent continuer le dialogue, espérant parvenir à une seule et même foi.

Un extrait pour nous inviter à réfléchir

Les trois sages parvinrent au lieu de leur première rencontre, à la sortie de la ville. Ils prirent congé les uns des autres très aimablement et très agréablement. Chacun demanda aux autres de lui pardonner ce qu’ il aurait pu dire d’ injurieux au sujet de leur foi, et chacun pardonna.

Lorsqu’ ils furent sur le point de se séparer, l’ un des sages dit : « Nous devons tirer quelque profit de l’ aventure qui nous est arrivée dans la forêt …. Vous semblerait-il bon de discuter une fois par jour en suivant les normes que nous a données Dame Intelligence ?

Nous discuterions ainsi jusqu’ à ce que nous eussions, tous les trois, une seule foi et une seule loi et nous nous engagerions à nous rendre mutuellement honneur et service afin de parvenir plus tôt à un accord.

Car se sont : la guerre, la souffrance, la malveillance et le fait de s’  infliger des dommages et déshonneurs qui empêchent les hommes de convenir d’ une seule croyance.

Quelques clés pour un dialogue constructif

Photo G.G. – Ange des cultures à Bruxelles

En s’ éloignant de la ville, les trois Sages prennent de la distance par rapport à la vie quotidienne.

Dialoguer c’ est d’abord sortir de soi, prendre du recul pour se mettre sur le chemin de l’ autre. Un silence respectueux doit accompagner l’ écoute en permanence. Elle doit être active, attentive au dit et au non dit et aux expressions de l’ autre.

Puis les trois Sages se reconnaissent d’ abord en tant qu’ hommes. Ils ont de la considération les uns pour les autres.

De plus, ils ont la conviction que l’ autre à quelque chose à leur apprendre.

Dialoguer c’ est se respecter. C’ est entrer en relation avec l’ autre là où il en est et non pas là où nous voudrions qu’ il soit. C’ est être curieux de l’ autre. Cerner ce qui est bon pour le dialogue.

L’ écoute n’ est pas aisée. Les trois sages en ont fait l’ expérience lorsqu’ il leur a fallu parler de leur différence.

Toutefois, grâce à la demande du Gentil, ils ont pu dialoguer et cet échange apaisé leur a permis de ne pas tomber dans une polémique stérile.

Écouter, c’ est se laisser transformer par l’ autre. Chacun expose, témoigne de sa foi sans agresser son interlocuteur. L’ échange peut alors se faire dans la paix du cœur et de l’ esprit.

Les trois sages ont pris sur eux. Le dialogue, s’ enracine alors dans la confiance qu’ ils ont en la dignité de la personne humaine.

Dès lors, l’ écoute devient humble, réelle, profonde. 

Écouter, c’ est commencer par se taire pour entendre ce que l’ autre a à nous dire. C’ est prendre le temps nécessaire pour se laisser conduire par l’ autre, marquer des pauses, avancer à son rythme.

Les trois sages font appel à leur intelligence. Ils sont aptes à reconnaître la limite des mots lorsqu’ il faut expliquer leur foi. Chaque tradition générant son propre langage. En conséquence :

Écouter, c’ est ne pas vivre en surface. C’ est aller en profondeur, c’ est découvrir avec sérénité l’  essentiel de ce qui fait vivre l’autre. C’ est faire preuve de discernement en demandant à Dieu de nous éclairer.

 Avant d’argumenter sur sa foi, chaque sage s’ adresse à Dieu. En effet :

Dialoguer, c’ est avoir confiance en Dieu, en sa bonté, en sa patience. C’ est garder l’espérance en nous.

Enfin, au moment de se quitter, les trois sages s’ excusèrent au cas où ils auraient pu blesser l’ autre.

Dialoguer , c’ est avoir de la bienveillance pour l’ autre et lui demander pardon en cas de paroles désobligeantes, inappropriées.

Pour conclure

L’ Annonciation par James Tissot – Brooklyn Museum – Libre de Droit

Marie est celle qui peut le plus permettre aux chrétiens de rentrer en relation vraie avec des musulmans ouverts au dialogue car le Coran présente deux points de concordance avec la foi chrétienne :

• Marie est mère de Jésus (le nom de Marie est lié à celui de Jésus seize fois dans le Coran) et surtout Marie est vierge

C’ est pourquoi comme le souligne l’ Abbé Jean-Raphaël Dubrule :

• Puisque notre foi chrétienne nous pousse à aller à Jésus par la Vierge Marie, nous pouvons aussi mener les musulmans au Christ  (qui pour eux n’ est qu’ un prophète) par Maryam.

En effet :

• On peut demander à un musulman pourquoi il est tant attaché à la virginité de Marie, si Jésus est un prophète comme les autres. Sa conception virginale n’ est-elle pas un signe  … ? *
  

Enfin nous pouvons méditer et faire nôtre la prière du Bienheureux Raymond Lulle.

En effet, elle rappelle que la conversion est toujours un appel personnel de Dieu. Alors, prions pour que l’ Humanité réponde à Son invitation.

Ave Maria ! Ton serviteur Te salue  

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« Ave Maria ! Ton serviteur Te salue au nom des anges et des patriarches, des prophètes, des martyrs, des confesseurs, des vierges et des chastes ; et je Te salue par tous les Saints de gloire !

Ave Maria ! Je T’ apporte les salutations de tous les chrétiens, justes et pécheurs. Les justes Te saluent parce que Tu es digne d’ être saluée et parce que Tu es leur espérance de vie éternelle ; les pécheurs, parce qu’ ils Te demandent pardon et ont l’ espoir que Tes yeux miséricordieux se tourneront vers Ton Fils, afin qu’ il ait de leurs fautes pitié et miséricorde, au souvenir de la terrible Passion qu’ Il endura pour le salut des hommes et le pardon de leurs coulpes et de leurs péchés.

Ave Maria ! Je T’ apporte les salutations des Sarrasins, Juifs, Grecs, Mongols, Tartares, Bulgares, des Hongrois de la Hongrie mineure, des Nestoriens, Russes, Géorgiens.

Tous ces hommes et bien d’ autres infidèles Te saluent par moi, qui suis leur procurateur.

Dans le salut que je T’ adresse, je leur donne une place pour que Ton Fils veuille bien se souvenir d’ eux …».

Ainsi soit-il.

Source :   * Miséricorde Divine  Catégorie Islam- La place de Marie dans le Coran (Abbé Jean-Raphaël Dubrule le 10 octobre 2018)