En ce jour où nous fêtons Saint Vincent de Paul, le fondateur des prêtres lazaristes, re(découvrons) la vie de celui qui fut déclaré le saint patron des oeuvres charitables et qui se consacra aussi la réforme du clergé.
Vincent de Paul, un jeune homme ambitieux
Pour quitter sa misérable vie campagnarde, Vincent devient élève des cordeliers à Dax puis étudiant à la faculté théologique de Toulouse. A vingt ans à peine, il est ordonné prêtre.
Paris le fascine et à vingt sept ans, il découvre la capitale. Ambitieux, il côtoie les grands de ce monde. Devenu l’aumônier de la reine Marguerite « la Reine Margot », il se laisse fasciner par les fastes de la cour.
La crise spirituelle
Alors qu’il traverse une intense période de doutes, Vincent rencontre le futur cardinal Pierre de Bérulle. Ce penseur mystique présent aux réalités et combats de son temps fondera la congrégation de l’Oratoire de France. Vincent le prend comme conseiller spirituel et se familiarise avec le mouvement de spiritualité qu’on appellera plus tard l’École Française de Spiritualité.
Pierre de Bérulle l’incite à prendre une cure de campagne proche de Paris, à Clichy. Vincent restaure l’église et se met avec enthousiasme au service spirituel de ses fidèles. Il visite les malades, prêche avec ardeur et cherche à rendre la foi à ses six cents paroissiens ruraux.
L’année suivante, Pierre de Bérulle lui procure la charge de précepteur chez le Général des galères, Philippe-Emmanuel de Gondi, l’une des plus riches familles de France.
Une rencontre déterminante
Devenu la précepteur des enfants du prince de Gondi, sa carrière mondaine est à son apogée. Néanmoins, sa vie lui semble vaine. La tristesse s’empare de lui.
Or, par une nuit glaciale d’hiver, la confession d’un mourant, va totalement changer sa vie. Bouleversé, il fait le vœu de se consacrer désormais totalement à Dieu afin de remédier à la misère spirituelle des gens de la campagne qui représentent l’immense majorité de la population. Madame de Gondi constate et s’interroge : « Que d’âmes se perdent ! Quel remède à cela ? ».
A la demande de l’évêque d’Amiens, Vincent anime, à Folleville, une récollection sur la confession générale. Il y invite les fidèles. La foule est si nombreuse qu’il demande l’aide d’autres prêtres.
La première confrérie de la charité
Usant de ses relations, Vincent demande à servir dans une paroisse pauvre. Nommé curé d’un village dans les Dombes, c’est à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain) qu’il découvre vraiment l’immense misère des pauvres. Pour y remédier, il fonde, avec ses paroissiens, la 1ere confrérie de la charité en leur précisant « Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages ».
Dès lors, il mettra les plus pauvres, c’est-à-dire ceux qui sont abandonnés de tous, ceux que condamne la justice humaine et ceux que le monde méprise, au centre de son ministère.
Les pauvres sont le visage du Christ
Homme de prière et d’attention aux autres, il rencontre les plus grands afin de susciter leur charité et leur demander une aide politique qui lui permettra de secourir les plus déshérités et les plus humbles car ils sont pour lui, le visage du Christ.
De retour chez les Gondi, Vincent va désormais s’adonner aux missions populaires. Son projet de service corporel et spirituel des « pauvres gens des champs » va remplir toute sa vie. En 1619, Monsieur Vincent est chargé de l’aumônerie générale des galères : les missions se feront aussi dans les bagnes ! Entre temps, grâce aux missions, les Confréries de la Charité se sont multipliées.
Avec Louise de Marignac, il fonde la congrégation des filles de la Charité. Cette nouvelle communauté se consacre au service corporel et spirituel des pauvres et à l’alphabétisation des petites filles.
La congrégation des filles de la Charité fut la première à obtenir le droit d’être soustraite à la règle de la clôture. En effet, pour Vincent de Paul et Louise de Marillac, leur monastère devait être les cellules des malades, leur cloître les rues de la ville ou les salles des hôpitaux.
Le réformateur
Certes, les œuvres de Charité sont au centre de son ministère. Toutefois, une réforme pour l’intégrité et l’ instruction du clergé devient pour Vincent une urgence puisque le Christ a dit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 13).
La mission est aussi au centre de ses préoccupations. Dans son livre « Conférence aux Prêtres de la Mission », il écrit : « Il ne me suffit pas d’aimer Dieu, si mon prochain ne l’aime pas de même … Je dois aimer mon prochain et tout faire, pour qu’à leur tour, les hommes aiment leur Créateur » (conférence 207) .
Constatant l’ignorance du clergé rural, il fonde la Congrégation de la Mission. Elle est dédiée à l’évangélisation des pauvres dans les campagnes. Ses statuts, qui en définissent les trois objectifs : l’instruction des classes pauvres, la formation du clergé et enfin les missions, sont approuvés canoniquement et en 1688, la règle portant le nom de Regulæ seu constitutiones communes congregationis missionis est publiée.
Afin de remédier aux lacunes du clergé, il organise une « retraite pour ordinands ». Devant son succès, il crée également les « Conférences du mardi » pour les jeunes prêtres et instaure des retraites qui sont également ouvertes aux laïcs.
Il ouvre aussi un séminaire pour écoliers et, pour les besoins de sa congrégation, des séminaires pour adultes. Car pour Vincent, la mission du prêtre est, non pas de rappeler au peuple les pratiques de la religion mais plutôt de les inviter à persévérer dans la fidélité de leurs devoirs de charité.
Appelé par la reine Anne d’Autriche à siéger au Conseil de conscience, il va, pendant dix ans, faire accéder à l’épiscopat des prêtres pieux et intègres.
L’éducateur
Vincent entreprend aussi la formation des catéchistes. Il compose ou fait composer des manuels pour les aider dans leur mission. Fin psychologue, il comprend que : « Ce que les yeux voient frappe davantage que ce que l’oreille entend ». Fort de ce principe, il procure des gravures à ceux qui ont la mission de catéchiser. Aussi peut-il donc être considéré comme le précurseur du catéchisme illustré. En outre, il tient à ce que les enfants soient préparés à leur 1ere communion au cours d’une retraite.
Le souci de catéchiser les pauvres demeure pour lui une priorité puisque, à ses yeux, le devoir du Chrétien est de relever l’homme dans son intégralité (morale, physique et spirituelle) en lui donnant les moyens de retrouver sa dignité d’enfant de Dieu.
Pour conclure
Une nouvelle année pastorale commence. Elle est placée, pour notre groupement paroissial, sous la thème de Prendre Soin.
Saint Vincent de Paul ne peut donc qu’être qu’un modèle pour nous. En effet, à l’occasion des 400 ans de l’oeuvre de St Vincent de Paul, le pape François adressait, en septembre 2017, un message spécial à la famille Vincentienne. Il y rappelait que la charité est « la voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Église ». En outre, il soulignait que la vie de ce géant de la charité fut une synthèse de la prière et de l’action se résumant en :
- une riche spiritualité propre à approfondir notre foi.
- une vie toute donnée à Dieu et aux pauvres.
- un amour profond pour le sacerdoce mais aussi pour la mission car « l’ Amour est inventif jusqu’à l’infini ! ».
En ce jour de la Saint Vincent de Paul, méditons ce passage de sa conférence aux prêtres : « Comment donner la charité aux autres, si nous ne l’avons pas entre nous ? … Observons si nous l’avons, non pas en général, mais si chacun l’a en soi … Si elle n’est brûlante en nous, si nous ne nous aimons pas les uns les autres comme Jésus Christ nous a aimés et si nous n’accomplissons pas d’actes semblables aux siens, comment pourrions-nous espérer diffuser un tel amour sur toute la terre ? … » (conférence 207).
Georgette
Sources : Nominis – Site des Filles de la Charité de St Vincent de Paul. – Texte de St Vincent de Paul sur la charité (église catholique de Paris). – Ma vocation.org
Illustrations : Wikimédia Commons – Ces trois oeuvres entrent dans la catégorie domaine public.