Le contexte et les lieux
Cet extrait de l’Évangile de Luc se situe après la lecture du passage du prophète Isaïe par Jésus à la synagogue de Nazareth. Les auditeurs, furieux, le poussent hors de la ville et cherchent à le faire mourir. Il descend alors à Capharnaüm, en Galilée. La population de cette région montagneuse et verdoyante, baignée par le Jourdain et par le lac de Tibériade (appelé également mer de Galilée) se composait de pêcheurs, d’éleveurs de troupeaux, de vignerons et de cultivateurs d’oliviers, de fruits, de céréales …
Elle portait le nom de « Galilée des Nations » en raison de son lien avec la Diaspora mais aussi parce cette contrée frontalière pratiquait le commerce international. Aussi était-elle méprisée par les habitants de Jérusalem. Cependant, le prophète Isaïe avait dit d’elle : « … Il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations » (Is 8, 23).
C’est donc dans ce village de pêcheurs, dont le nom, venant de l’hébreu Kfar Nahum, signifie « village du Consolateur » que, suite à ses enseignements et aux guérisons accomplies (entre autre la guérison de la belle mère de Simon) une foule nombreuse suit Jésus pour écouter ses enseignements.
Les trois mouvements de cet évangile
1 – Quitter notre zone de sécurité
En Galilée, Jésus est en sécurité et la foule l’écoute attentivement. Elle reconnaît en Lui le Fils de Dieu. Néanmoins, il désire conduire ailleurs ceux qui suivent son enseignement et cherchent à le retenir : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Lc 4, 43). Alors, Il monte dans la barque de Simon afin d’enseigner ceux qui sont venus l’écouter.
Or, cette embarcation, nous le savons est le symbole de l’Église. Dans la barque, sa parole devient ecclésiale (du grec ancien ekklesia) qui signifie « assemblée ». Cela signifie qu’elle est destinée à rassembler, à unir les Hommes dans une foi commune.
2 – Apprendre à écouter notre cœur
Ici, nous voyons Jésus invitant Simon à s’éloigner du rivage, à avancer en eau profonde. Pour nous, il s’agit d’oser prendre un risque, d’abandonner nos notions et théories toutes faites. C’est aussi une invitation à nous ouvrir aux autres, à les écouter avec notre cœur.
3 – Descendre en nous pour écouter l’Esprit Saint
Lorsqu’il donne cet ordre à Simon : « Avance au large et jetez vos filets pour la pêche », Jésus l’invite à la confiance. Il désire le préparer à devenir, malgré ses doutes, ses imperfections et ses peurs, celui qui sera le pierre d’angle de l’Église dont les membres doivent se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint.
C’est donc, pour nous qui la formons, une invitation à descendre en nous, à nous laisser éclairer par cet Esprit. Nous devons nous « nourrir de la Parole de Dieu», la laisser nous habiter, la ressasser et la faire remonter en nous afin de changer nos vies.
C’est ce qui nous permettra d’avancer au large. Ainsi, nous pourrons écouter avec le cœur, le monde qui nous entoure. C’est ce qui nous donnera la force de transmettre les paroles d’espérance et de vie et de mettre en œuvre les changements dont l’humanité a tant besoin.
La richesse des symboles utilisés *
L’eau profonde : Dans la bible c’est le lieu de l’épreuve de l’obscurité, de la mort. Aujourd’hui, plus que jamais, le monde est plongé dans l’obscurité, tant des personnes vivent dans le noir des difficultés, des épreuves. Notre mission est de les aider, les sauver et les conduire à la lumière.
Les poissons : Dans le judaïsme, le poisson est l’animal qui parvient à vivre dans un milieu où pour toute autre créature, la vie est impossible. Le poisson en hébreu se dit DaG, un mot qui est l’anagramme de GaD, autrement dit la coriandre (évoquée en Exode 16, 31), pour parler du goût de la manne, ce pain du ciel donné par Dieu pour qu’on le mange afin de vivre.
GaD signifie aussi bonheur. Dieu désire que nous fassions remonter dans nos vies tous ces instants le bonheur et la joie dont nous avons besoin.
Dans les premiers temps du Christianisme, le signe du poisson était antérieur à celui de la croix. Jésus y était vu comme le poisson par excellence. IChThUS en grec forme les premières lettres de la phrase : « Iesus Christus, Theou Uios, Sotèr », soit : « Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur ».
Pour conclure
Après l’appel de Jésus, tout en le suivant, Pierre continue son métier de pêcheur.
Pour nous aussi, il ne s’agit pas d’abandonner totalement une activité matérielle. Mais il nous faut apprendre à ne pas en faire l’unique but et à la pratiquer pour le service des hommes et de Dieu.
Aux moments des épreuves, n’oublions pas que nous sommes l’ Église. Alors écoutons et méditons ces quelques phrases du chant « Avance au large, ne crains pas les ouragans »
« Avance au large, ne crains pas les ouragans … et si ta barque bouge un peu, n’aie pas peur… elle est aux mains de Dieu… Si la peur de naufrager t’empêche de partir, si ton cœur reste fermé par crainte de souffrir, prends la confiance à ton bras et Dieu te portera… Si les sables du chagrin t’enlisent au bord du quai, prends la Lumière à ton bras, et Dieu t’éveillera ! ».
Cet évangile est celui d’une confiance réciproque entre Dieu et l’Humanité !
Georgette
Sources : Avance au large – * Eglise protestante unie de l’Etoile
Illustration : Photo personnelle Jean-Lucien G. – église d’Yport (Seine Maritime) Août 2016