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Purifions notre regard
L’Évangile d’aujourd’hui sur la femme adultère est une scène bouleversante d’intensité, la plus étonnante des évangiles. La question des pharisiens est en forme d’échec et mat : Soit Jésus dit qu’il faut lapider la femme et on lui dira « Où sont ta miséricorde et ta loi d’amour » ou en revanche, s’il dit qu’il ne faut pas la lapider, on viendra lui répondre « Tu n’obéis pas à la loi de Moïse, tu es en contradiction avec les Écritures. Alors, ne viens pas nous raconter que tu viens de Dieu ».
Si vous me permettez un peu d’humour, c’est le même type de procès que l’homme moderne fait à l’église d’aujourd’hui avec les divorcés remariés « Ou tu refuses de les absoudre et de les remarier, et ne viens pas parler de miséricorde. Ou tu acceptes de les remarier et on ne manquera pas de te dire : tu occultes les textes des évangiles qui parlent du divorce. »
Ce qui est beau dans ce texte, c’est que le Christ nous invite à purifier notre regard.
Comme nous avons vite fait de cataloguer les personnes !
Pour rester toujours dans le registre du mariage : c’est comme ceux qui persiflent en évoquant la robe blanche de la mariée tout en rappelant sa vie dissolue avant le mariage.
Cette purification n’est-elle pas une démarche digne d’un Carême ? Nous sommes invités à profondément transformer notre façon de juger autrui. C’est faire un acte de miséricorde.
Chacun est renvoyé à faire sa propre introspection, y compris la femme adultère. Retournera-t-elle aimer son mari ?
Ne jugeons pas, car nous sommes tous pêcheurs. Le jugement enferme l’autre dans son péché, l’identifie à une faiblesse du moment, l’humilie au lieu de faire grandir. Attention, accueillir l’autre et le comprendre ne veut pas dire qu’on l’approuve. Le Christ n’a pas donné un certificat de bonne conduite à la femme adultère.
Ne jugeons pas les autres si nous ne voulons pas que Dieu nous juge de la même façon que nous avons jugé les autres. Soyons prudents ! Sachons aussi tourner la page et oublier les contentieux. Ayons la charité de penser que celui qui nous a blessés ne l’a peut-être pas voulu, et que celui qui a eu des faiblesses avait peut-être des circonstances atténuantes.
Ce double mouvement : introspection, suivie de la purification de son regard, doit aussi nous permettre en ce cinquième dimanche de Carême de prendre soin de notre Église pour que de beaux fruits en son sein voient le jour, aussi surement que le printemps vient après l’hiver.
Comme le dit Isaïe : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé, voici que je fais un monde nouveau ».
Jean-Claude FÉRIEN