Monseigneur Jules-Géraud Saliège (1870-1956), archevêque de Toulouse est de longue date un ardent défenseur des Juifs.
Durant l’ été 1942, il obtient des informations aux sujets des rafles et des premières déportations.
Le dimanche 23 août 1942, il fait lire une lettre pastorale de protestation, qu’ il a lui-même rédigée, dans toutes les églises de l’archidiocèse de Toulouse.
En l’ espace d’ une nuit, le document devient un manifeste.
Des centaines de milliers d’ exemplaires sont copiés et distribués.
Certains historiens qualifieront cette déclaration de « 18 juin spirituel ».
Le « réseau Saliège »
Quand on évoque Monseigneur Saliège, on pense immédiatement à cette fameuse lettre « sur la personne humaine ».
Mais elle n’ est que la partie visible d’un iceberg, celui de l’action menée par l’ Église en Haute-Garonne pour les victimes de la politique nazie, et en particulier, les juifs.
C’ est ce qu’ on appelle « le réseau Saliège ».
En effet, bien avant la publication de cette lettre, le diocèse se dote de plusieurs organismes pour venir en aide aux personnes arrêtées et placées dans des camps d’internement.
Ces organismes reçoivent des aides financières y compris de la part du Vatican.
Lorsque les premières déportations ont lieu et que les conditions de vie de ces camps se détériorent, l’ archevêque est averti.
Alors, sans attendre, il décide d’ agir en écrivant cette lettre.
En lien avec les institutions juives et les réseaux de résistances, il met également en place un réseau d’ entraide et de sauvetage.
L’ institut Catholique devient un haut lieu de ce réseau.
Une lettre toujours actuelle
Aujourd’ hui, cette lettre est toujours actuelle.
Les communautés juives et catholiques de Toulouse se sont associées pour cet anniversaire.
Quatre-vingt ans plus tard, scouts israélites et catholiques et Mgr de Kerimel, Archevêque de Toulouse, lisent ensemble cette lettre qui marque l’histoire.
Le grand Rabin de France et Mgr de Moulins Beaufort, ont également demandé que la lettre de Mgr Saliège soit lue dans toutes les synagogues et les paroisses de France.
Texte de la lettre
« Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits.
Ces devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe‐t‐il plus ? Pourquoi sommes‐nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous. Notre‐Dame, priez pour la France.
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Rébécou.
Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes, les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes.
Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain.
Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’ oublier.
France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine.
France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement. »
Jules‐Géraud Saliège, Archevêque de Toulouse 13 août 1942
A lire dimanche prochain, sans commentaire.
L’ équipe du site internet
Sources : Diocèse de Toulouse et Église Catholique de France
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Buste du cardinal Saliège, square du Cardinal Jules Gerauo Saliège, à côté de la cathédrale de Toulouse.
Travail personnel – Auteur Magnu678
Vidéo réalisée avec le partenariat de KTO