Le thème de notre année pastorale « prendre soin de notre âme » est pour nous l’ occasion de réfléchir sur ce qu’ elle est exactement mais aussi sur les manières d’ en prendre soin.
Qu’ est que l’âme ?
Selon certains courants religieux et philosophiques, elle est le principe vital et essentiel de tout être vivant ( homme, animal, végétal ).
Quand au terme original employé dans la Bible, nèphèsh en hébreu et psukhê en grec, il nous indique qu’ une « âme » est une personne, un animal.
Nèphèsh vient vraisemblablement de la racine d’ un mot qui signifie « respirer ». Au sens littéral, il peut être traduit par « un respirant ».
L’ âme dans le judaïsme et le Christianisme
Dans le judaïsme
C’ est dans le texte de la Genèse que la Bible emploie le mot «neshama » pour parler du souffle de Dieu créant l’ Homme.
- « Il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’ homme devint un être vivant » (Gn 2, 7)
Or, ce mot se traduit littéralement par « souffle de vie ». C’ est ainsi que dans le texte biblique l’ homme ne possède pas une âme : il est une âme !
Pour le judaïsme, l’ âme est pure à la naissance; les gens naissent avec :
- un yetzer haTov, une tendance à faire le bien, et un yetzer haRa, un penchant au mal. Aussi chacun jouit-il du libre arbitre, y compris en matière de mener sa vie.
Dans le Christianisme
- L’ âme est un principe de vie, distinct du corps. Elle est marquée par le péché originel qui cependant est racheté de deux façons : d’ une manière collective via la Passion et la Résurrection du Christ ; et d’ une manière individuelle par le Baptême. Tout comme dans la religion juive, l’ individu jouit d’ un plein libre arbitre.
- L’ Église catholique enseigne que chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu et qu’ elle est immortelle. Celle-ci ne périt pas lors de sa séparation du corps dans la mort. Elle s’ unira de nouveau à celui-ci lors de la résurrection finale.
Elle nous dit aussi que le jugement après la mort fait en sorte que celle-ci va au ciel, au purgatoire ou en enfer dans l’attente du jugement des vivants et des morts.
Cette « sentence » se fait principalement en fonction du péché originel et des autres péchés mortels commis au cours de nos existences.
C’ est pourquoi le soin de notre âme est important.
Un corps et une âme
Prendre soin de son corps, faire du fitness, entreprendre un régime… telles sont les priorités d’ un grand nombre de nos contemporains. En fait, cela s’apparente à un véritable culte du corps.
Certes, l’ Homme a et est un corps. Cependant il n’ est pas que cela puisque la Bible témoigne que Dieu fit de lui un être à son image :
« Dieu créa l’ homme à son image, à l’ image de Dieu il le créa » (Gn 1, 27).
C’ est pourquoi nous nous distinguons de tous les autres êtres vivants car :
- Nous possédons en nous une capacité de créativité
- Mais aussi parce que nous jouissons d’une certaine liberté et que dotés d’une conscience morale, nous sommes des êtres responsables puisque nous possédons la capacité : de penser, de communiquer.
- De plus, dotés d’une conscience morale, nous possédons en nous la capacité d’aimer et de choisir en vue d’agir pour le bien de tous.
De surcroît, nous sommes des êtres spirituels, capables de vivre une relation consciente et personnelle avec Dieu. Sans dévaloriser ni nier notre corps, notre connaissance de Dieu doit nous aider à faire de notre « chair » un temple spirituel.
« Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » ( 1 Co 3-16 ).
Ainsi donc, notre bien-être ne passe pas de l’ extérieur vers l’ intérieur ; c’ est plutôt l’ inverse. C’est d’ ailleurs ce que nous fait remarquer saint Paul :
« … l’ exercice physique n’ a qu’une utilité partielle, mais la religion concerne tout, car elle est promesse de vie, de vie présente et de vie future » ( 1 Ti, 4, 8).
En conséquence, bien que le soin du corps soit recommandé, celui de l’ âme reste primordial.
Comment prendre soin de notre âme ?
Ces quelques conseils simples mais efficaces visent à prendre soin de notre âme :
Nous devons apprendre à maîtriser nos impulsivités.
Cela est valable à tous points de vue, mais plus particulièrement quand nous parlons. N’ oublions pas ce que dit le proverbe : il faut « tourner sept fois sa langue avant de parler ». Sur un plan plus spirituel, saint Jacques nous fait cette recommandation :
« Sachez-le, mes frères bien-aimés : chacun doit être prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère, car la colère de l’homme ne réalise pas ce qui est juste selon Dieu juste » (Jc 1, 19-20).
En somme, si Dieu nous a donné deux oreilles et une bouche, c’ est pour écouter deux fois plus qu’ on ne parle.
Il faut éviter les commérages car nous serons jugés sur la manière dont nous jugeons. C’ est d’ ailleurs la mise en garde de saint Luc et saint Jacques :
« L’ homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’ homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’ est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 45).
« De la même bouche sortent bénédiction et malédiction. Mes frères, il ne faut pas qu’il en soit ainsi » ( Jc 3, 10).
Les péchés en paroles peuvent faire des ravages et assombrirent nos vies.
Faire attention à nos regards. C’ est d’ ailleurs ce à quoi nous invite Job :
« J’avais conclu un pacte avec mes yeux … » (Job 31, 1).
Quant à Jésus, il s’ exclame dans l’ une de ses béatitudes :
« Heureux les cœurs pur, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8)
Éviter les abus
De nos jours, dans un monde où abondent les images, il est important de faire attention à l’ usage que nous faisons des médias. Images et vidéos, violentes ou permissives peuvent abîmer de manière indélébile cœur et esprit.
Fuir l’ oisiveté et renoncer à la paresse mentale. En effet, ne rien faire c’ est s’ exposer à toutes sortes de tentations. De plus, le travail nous aide à découvrir et cultiver nos talents. Il est également un moyen d’ aider les autres.
De surcroît, n’ oublions pas que Dieu nous a dotés d’un esprit. Aussi veut-il que nous le cultivions car si ce n’ est pas le cas, peuvent croître « les mauvaises herbes mentales ». Par exemple lire un bon livre permet, dans un monde rempli de confusion, de prévenir et corriger cette tendance à la paresse mentale.
Éviter les excès
Ils nous mènent souvent au vrai péché. Pour combattre les abus, le meilleur remède est la prière. C’ est elle qui nous fera ressentir la faim du Pain de Vie qui nous aidera à surmonter tous ces mauvais penchants.
Surmonter les difficultés de la désespérance
Nous devons apprendre à combattre nos moments de doutes, de découragements en retrouvant un regard spirituel sur tout ce qui fait notre quotidien et en pratiquant la charité qui selon St Pierre Damien conduit à la vraie joie :
« Que l’ espérance te conduise vers la joie ! Que la charité enflamme ton enthousiasme ! et que dans cette ivresse, ton âme oublie qu’ elle souffre, pour s’ épanouir en se dirigeant vers ce qu’ elle contemple au-dedans d’ elle-même ».
Mais aussi à prier, même que cela devient difficile, et comme le recommande saint Maximilien Kolbe, s’ adresser très souvent à Marie :
« Laisse-toi conduire par Marie ; elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’ âme. Par conséquent, sois en paix, en paix totale, avec une confiance illimitée dans son intercession ».
Pour conclure
La liste de ces conseils n’ est pas exhaustive. Il y en d’ autres également importants et parmi ceux-ci nous pouvons réfléchir à ce que nous disent ces Saints :
« Errer est déjà une recherche. Mais le Christ nous a remis sur la bonne route : En devenant ses fidèles par la foi, nous ne sommes pas encore parvenus à la patrie, mais nous marchons déjà sur la route qui y mène : l’ Amour de Dieu » ( Saint Augustin (354.- 430. J.-C.).
« Gardez toujours sur votre visage le sourire, la joie dans votre cœur, la louange sur vos lèvres » (St Pierre Damien (1007-1072)
« Quand vous êtes en train de jouer, de causer ou de vous amuser, élevez votre esprit vers le Seigneur, en lui offrant ces actions » ( Don Bosco : 1815-1888 ).
« Le sourire disperse les nuages accumulés dans l’âme ». (Bienheureuse Urszula Ledochowska : 1865-1939).
« La joie intérieure réside au plus intime de l’âme ; on peut aussi bien la posséder dans une obscure prison que dans un palais ». (Sainte Thérèse de Lisieux : 1873-1897)
Georgette
Sources : Aleteia – neuf réflexes simples pour prendre soin de son âme et comment retrouver la joie de vivre.
Illustrations : Photos Jean-Lucien G.