Le résultat des élections législatives nous montrent bien l’ état de notre société qui, dans ses choix, se laisse guider par toutes sortes de peurs :
- Celle du lendemain,
- Angoisse pour l’avenir de nos enfants et petits-enfants,
- Crainte de sortir le soir, peur de l’ immigration, de l’ insécurité, du terrorisme,
- Ainsi que inquiétude devant l’état de la planète…
Or, ces questions bien que légitimes, bien entretenu par les médias, furent un argument central dans la campagne électorale que nous venons de vivre.
Les candidats ont mis en exergue les appréhensions que pouvaient engendrer le programme de l’ autre.
Que nous disent ces peurs de l’état de notre société.
Elles prennent « racine » dans une crise beaucoup plus profonde que le simple niveau politique.
Pour le comprendre, il est bon de relire ces quelques extraits de ce que disait le pape Jean XXIII dans son encyclique « Pacem In Terris ».
« 1 : La paix sur la terre, objet du profond désir de l’ humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affermir que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu ».
Or Dieu, aujourd’hui, n’ est plus au centre des préoccupations de beaucoup.
« 4-5 : L’ordre si parfait de l’ univers contraste douloureusement avec les désordres qui opposent entre eux les individus et les peuples, comme si la force seule pouvait régler leurs rapports mutuels. Pourtant le Créateur du monde a inscrit l’ ordre au plus intime des hommes : ordre que la conscience leur révèle et leur enjoint de respecter. ».
Mais, dans nos sociétés individualistes, le rapport de force est omniprésent.
Des droits et des devoirs
Pour vivre en harmonie, toute société a le devoir de rappeler les droits et devoirs qui incombent au « vivre ensemble ».
En ce qui concerne les droits voici, entre autres, ce que soulignait Jean XXIII :
« 11 : Tout être humain a droit à la vie, à l’intégrité physique et aux moyens nécessaires et suffisants pour une existence décente, notamment en ce qui concerne l’alimentation, le vêtement, l’habitation, le repos, les soins médicaux, les services sociaux. »
« 16 – 17 La famille, fondée sur le mariage librement contracté, un et indissoluble, est et doit être tenue pour la cellule première et naturelle de la société. De là, l’obligation de mesures d’ordre économique, social, culturel et moral de nature à en consolider la stabilité et à lui faciliter l’accomplissement du rôle qui lui incombe. Aux parents, en tout premier lieu, revient le droit d’assurer l’entretien et l’éducation de leurs enfants (13) ».
Des devoirs
Toujours dans cette encyclique, il parlait également des devoirs qui incombent à chaque citoyen :
« 28 – 29 … Nous avons rappelé une suite de droits de nature. Chez l’homme, leur sujet, ils sont liés à autant de devoirs. Ainsi, par exemple, le droit à la vie entraîne, le devoir de la conserver ; le droit à une existence décente comporte le devoir de se conduire avec dignité ; au droit de chercher librement le vrai répond, le devoir d’approfondir et d’élargir cette recherche.
Pour conclure :
Dans cette encyclique, il est d’abord question de partage de vie et de valeurs.
Mais, aujourd’hui, nous ne sommes plus capables de dire ce qui nous tient ensemble. Là est la racine de la crise que nous traversons.
En conséquence, en tant que Chrétiens, il est de notre devoir de veiller à la reconstruction d’ une véritable amitié et unité sociale. Nous devons revenir à cette identité et à cette vocation profonde que formulait saint Pierre dans sa première lettre :
« Vous tous, enfin, vivez en parfait accord, dans la sympathie, l’amour fraternel, la compassion et l’esprit d’humilité. Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire, invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de recevoir en héritage cette bénédiction. » ( 1 P 3, 8-9)
Comme le rappelle Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et Narbonne depuis mars 2023, la Bible nous répète à trois cent soixante-cinq reprises :
« N’ ayez pas peur ».
Voilà qui nous invite, malgré les nombreuses difficultés que nous traversons, à travailler au dialogue, à la construction d’ une société plus juste et fraternelle mais aussi à être et demeurer dans les épreuves de véritables témoins de l’espérance.
Alors, faisons nôtre ces extraits de la prière : Seigneur, apprends-moi à espérer
« Espérer, c’ est respirer :
Seigneur, transforme-moi en être mobile, curieux de respirer un air toujours différent.
Espérer, c’ est marcher :
Seigneur, donne-moi le courage de continuer ma route.
Espérer, c’ est être en route :
Seigneur, apprends-moi à aimer cette grande migration qu’est la vie.
Espérer, c’ est désirer :
Seigneur, cultive en moi l’énergie du désir.
Espérer, c’ est imaginer :
Seigneur, éveille en moi l’inimaginable de la Parole.
Espérer, c’ est être pétri d’avenir :
Seigneur, fais-moi passer, traverser, aller de moi vers l’autre. Dis-moi ce que tu veux de moi.
Espérer, c’ est faire confiance en l’avenir :
Seigneur, devant toi, avec toi, je dis « oui » à l’inconnu de la vie.»
Jean-Yves Baziou (prêtre, docteur en théologie et en histoire des religions et anthropologie religieuse.)
Georgette
Source : Famille Chrétienne du 09-07-2024 : Entretien avec Mgr Bruno Valentin : «Les élections sont finies, mais tout commence ! »
Illustrations : Image mise en avant : Feuille de Ginkgo biloba de l’un de ces arbres qui survécurent sur le point d’impact de la bombe atomique lâchée sur Hiroshima – (Photo Pascal G.) et Pixabay Licence (Pas d’attribution requise).