La première lecture du dimanche 06 Octobre est une lecture poétique du livre de la Genèse.
Ce récit, écrit au 10eme siècle avant Jésus Christ, nous invite à situer la relation conjugale dans le plan de Dieu.
Malgré les images employées : le jardin, la sommeil, la côte, il concerne les hommes et les femmes de tous les temps.
Il y est question de l’ Humain puisque l’auteur emploie l’ expression « le Adam » qui signifie « le Terreux », le «Poussiérieux ».
Adam n’ est pas un prénom car il s’agit de nous tous !
Dieu crée l’ Humain à son image
Si l’ Humain a quelque chose de spécifique c’ est :
- Qu’ il est en quelque sorte inachevé et que son devenir est lié à des tâches à accomplir.
Pour être à l’ image du Créateur il doit :
- avoir une responsabilité propre au sein du monde créé.
- exercer sans violence la domination sur l’animal (on n’a pas besoin de tuer pour manger) et sur les autres.
C’ est pourquoi ce passage signifie que Dieu invite l’ Humanité à être à Son image (lui qui impose sa maîtrise à l’ univers le fait néanmoins dans la douceur).
En conséquence, les deux premiers récits de la genèse nous invitent à réfléchir :
En quoi nous ressemblons à Dieu et sur la manière dont nous devons Lui ressembler.
Dès l’ origine, la femme fait partie de la Création (Genèse 1, 26-28)
« Dieu créa l’ homme à son image, à l’ image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme» (Gn 1, 27)
Ce verset nous apprend qu’ Adam ne ressemblait pas à Dieu dans le sens où Celui-ci serait de chair et de sang.
D’ ailleurs, les Écritures précisent que « Dieu est esprit » (Jean 4.24). Il n’a donc pas de corps.
Mais celui d’ Adam reflète la vie de Dieu puisqu’ il est créé :
- « à l’ image et comme à la ressemblance de Dieu ».
D’ailleurs, le verset 27 insiste sur le mot image :
- « Dieu créa l’homme à son image, à l’ image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme ».
Cette 3eme précision nous invite donc :
- à découvrir que l’ image de Dieu est présente dans l’ Humain, dans l’homme et la femme malgré la différence sexuelle inscrite dans le corps.
Le projet de Dieu : le bonheur de l’ Homme (Genèse 2, 18.21-24).
Dieu cherche une aide pour l’ Adam qu’ il a créé et à qui Il confie la terre.
Or, aucun des animaux ne convient, mais la femme qu’ il tire du côté d’ Adam lui correspond car :
- Ils sont de même nature, de même chair.
D’ ailleurs, le nom d’ Ishsha que donne Adam à la femme vient de Ish (l’ homme). Ils sont côte à côte.
Cependant, Ish en s’exclamant « C’ est l’ os de mes os, la chair de ma chair » s’ exprime avec des mots où il est question de la femme et de son rapport à l’ homme.
Aussi ne fait-il pas encore une lecture positive de leur différence.
Certes, il parle avec émerveillement de la femme mais ne lui adresse pas la parole. En conséquence, il ne fait pas d’ elle une interlocutrice mais la prend comme objet de son monologue.
Puis, quand il prétend qu’ elle a été prise de lui, on comprend qu’ il la voit comme une partie, un autre lui-même.
Or, le récit nous apprend que tous deux sont pris de « l’ Humain ». Ils sont semblables, tous deux sont à l’ image de Dieu.
En conséquence, cette précision nous apprend que :
Le lien qui les unit ne dit pas la supériorité de l’ homme sur la femme.
Au contraire,elle nous est dit que : tous deux sont de la même nature.
En réalité, l’ Humain (l’ Adam) est appelé à devenir un être de relation. Dans celle-ci chacun sera pour l’ autre un secours face au danger de l’ isolement.
Toutefois, pour que Ish le comprenne, il faut qu’ il prenne conscience :
- Que leurs corps sont distincts,
- Que bien qu’ étant de même nature, ils sont différents,
- Et que leur vocation est l’ Union.
Appelé à ne pas être le double de l’autre
Mais, pour parvenir à cette harmonie dans la différence, Ish doit comprendre qu’ avec Ishsha, il est appelé :
- à devenir une seule chair (mot qui dans la Bible désigne un être vivant dont est souligné l’ aspect fragile, vulnérable.)
Aussi s’ agit-il pour l’ homme et la femme de devenir une personne unique, singulière, dans le cadre d’ une relation où :
- chacun ne fasse pas de l’ autre son double mais s’attache à ce tout autre malgré sa différence et le fasse grandir dans son humanité.
Pourquoi est-il précisé que l’ homme doit abandonner père et mère ?
Afin d’assumer son propre chemin, l’ Humain doit abandonner père et mère et s’ en distancier pour :
- Lui aussi donner la Vie
D’ ailleurs cet appel de Dieu se renouvelle quand il dit à Abram :
- « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. » (Gn 12, 1).
Ish et Isha = Yahvé
Quand on met ensemble les différences entre les mots hébreux Ish et Ishsha, on obtient Ya, les deux premières lettres du tétragramme Yahvé que l’ on retrouve dans allelou-Ya.
- [lettre propre au nom de l’homme ] + [ lettre propre au nom de la femme ה ] = [ le Nom de Dieu י ה ].
Ce jeu de lettres souligne donc que :
L’ image que Dieu projette en créant l’ humanité peut se contempler dans l’ union de l’ homme et de la femme, même si elle n’ est pas forcément charnelle !, car Dieu est au-delà de toutes les catégories humaines sexuelles.
En conséquence, c’ est lorsque l’ homme et la femme acceptent de conjuguer leurs différences et de les dépasser que :
L’ Adam devient à la ressemblance de Dieu et que, comme Lui, il se fait créateur.
Mais, si l’ on ne retient que ce qui est commun entre Ish et Isha :
On obtient le mot Esh qui en hébreu signifie le feu qui détruit tout.
Une différence qui n’ implique aucune inégalité
Celle-ci elle est profondément inscrite dans chacun. Ève est modelée par Dieu pour soutenir l’ homme en tant qu’« aide assortie ».
De surcroît, malgré leur dissemblance, ils ont :
La même chair, les mêmes os, la même nature.
Créée à l’image de Dieu, la personne humaine est un être à la fois corporel et spirituel.
Ève, la mère de tous les vivants
Puis, lorsque Dieu chasse le couple Homme-Femme, hors du paradis, il leur annonce qu’ ils mourront et il dit à la femme que son désir va la pousser vers son mari et qu’ elle enfantera dans la douleur (Gn 3, 16-19).
Enfin, au verset 20, Adam donne un nouveau nom à sa femme. Elle n’ est plus seulement Ishah, elle est
Ève « La Vivante », « la mère de tous les vivants ».
Grâce à elle, la vie humaine va pouvoir continuer sur la terre, malgré la mort.
L’ enfantement, un acte créateur
En Genèse 5, 3 c’est Seth (qui signifie le fondateur), le fils d’Adam et Ève qui est « à la ressemblance et selon l’image de son père » (V 3).
Or, cette précision n’ est pas anodine car elle nous dit :
- Que dans la Bible « l’enfant est un don et une bénédiction »
- Mais aussi qu’ il représente l’avenir, qu’ il est un signe de l’amour de Dieu qui sort de lui-même pour se communiquer à ses créatures.
C’est ainsi que ce que Dieu fait par voie de création, l’ humain est appelé à le faire par procréation.
Le mot procréer est un indice car il désigne la création de quelque chose. Dans ce cas, il s’ agit de la reproduction humaine. Les individus à naître participeront à la création du royaume de Dieu. Sans enfant, l’ Humain s’éteindra.
Pour conclure
C’est lorsque l’ homme et la femme acceptent de :
- conjuguer leurs différences et d’ aller au devant de celles-ci, de les accepter et de les dépasser dans l’amour, que l’ Adam devient à la ressemblance de Dieu.
Depuis le début de la Genèse, Dieu crée et donne la vie à ses créatures.
Aussi ce livre nous parle sans cesse de la création :
- Comme l’ apparition et la multiplication de la vie, sous toutes ses formes.
Par conséquent, l’ image de Dieu dans l’ être humain :
- C’ est sa capacité à donner la vie, d’ être créateur avec Lui.
Cependant, si pour de multiples raisons, la capacité d’ enfanter n’ est pas possible, un couple ou bien un homme ou une femme célibataire ne pourrait-il pas être co-créateur avec Dieu ?
Maurice Zundel dans cet extrait explique comment chacun peut le devenir :
« N’ oublions pas que ce n’ est pas pour nous une option gratuite de prendre en charge le monde et les nécessités humaines qui nous y rattachent … C’ est donc nous une bonne chose d’aménager le monde selon l’ esprit de Dieu et d’ aimer Dieu en le laissant vivre en nous … C’ est donc dans la mesure où chacun de nous devient source de joie, de liberté et de beauté, que Dieu respire, que Dieu vit dans le monde et qu’ il en devient actuellement le créateur. C’ est dans cet esprit que nous voulons entrer dans notre credo comme dans un immense chantier où tout commence aujourd’ hui, où tout repart en vertu d’une nouvelle origine qui a son secret dans le choix que nous ferons de nous-même, qui a son secret dans cette pensée où toute réalité est pesée au poids de la lumière du Verbe et où chacun de nous est appelé à être le créateur de tout. (…) C’ est seulement dans ce monde-là que Dieu peut se retrouver, qu’ il peut naître, qu’ il peut s’exprimer, qu’ il peut être reconnu, où chaque réalité se met à chanter et devient l’ostensoir de l’éternel amour. »
Georgette
Sources : Cairn.info, sciences humaines et sociales, homme et femme en genèse – André Wénin – Maurice Zundel : La moisson de l’homme co-créateur.
Illustrations : Image mise en avant : Pixabay Licence (Pas d’attribution requise) – Le Paradis terrestre avec la création d’ Ève de Jan Brueghel le Jeune (1601–1678) Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon (France) œuvre du domaine public.