Le 09 Octobre, dans un entretien avec le journal La Croix, Mgr Olivier Leborgne évêque d’Arras, précisait à la suite de la parution de son livre :
- « Il n’ y a pas d’ autre solution que d’ aimer »
Que, dans un monde qui :
- Perd ses repères et semble de plus en plus marqué par la violence,
- Où les actualités nationales et internationales nous apportent leur lot de nouvelles anxiogènes qui nous font douter de l’ avenir :
- Nous avons, nous croyants, la grâce de savoir qu’ en Christ l’ amour est sauvé et que la paix est possible.
Et nous ne pouvons pas le taire !
Aussi nous appelle-t-il, à partir de deux textes qui l’ ont fait réfléchir à ce qu’ est pour lui l’ Amour :
- à redevenir, dans un monde si effrayant, des communautés d’ espérance.
Premier texte : l’ hymne à l’amour de saint Paul
Dans sa lettre aux Corinthiens, celui-ci affirme :
- « S’ il me mangue l’amour, je ne suis rien ».
En conséquence, il s’ agit pour Mgr Leborgne, d’ une affirmation forte qui revient à dire :
- « C’ est l’ amour qui fait l’ homme. Toutefois saint Paul ne ne dit pas que s’ il nous manque l’amour dans la conjugalité, dans l’amitié, dans la famille, alors nous ne sommes rien. Non ! Il ne précise pas.
Aussi cela signifie-t-il pour lui que :
- « S’ il me manque l’amour en politique, dans l’ économie, dans la société dans sa globalité, alors aux yeux de Dieu, je ne suis rien. »
Qu’ est ce qu’ aimer ?
En fait aimer l’ autre, celui qui est différent, c’ est vouloir son bien, c’ est servir son humanité contre ce qui en lui la nie.
Pour Mgr Leborgne :
- « Aimer l’ autre, ce n’ est pas simplement se sentir bien avec lui. C’ est vouloir son bien ; un bien qui lui appartient à lui, et pas à moi. Finalement, aimer c’ est parfois commencer par faire œuvre de vérité et de justice.»
Un second texte fondamental sur l’ amour
L’ évêque d’ Arras évoque également une phrase attribuée à saint François d’ Assise qu’ il n’ a comprise que récemment :
- « L’ amour n’ est pas aimé.»
En effet , si l’ amour veut le bien de l’ autre et de tous les autres, alors :
- [« Il ne peut que s’ engager à l’ horizon du bien commun. » «L’ amour est une force de contestation de tous les systèmes d’ exploitation mais aussi l’ attestation de la dignité humaine. » ]
Aujourd’ hui, l’ Église malgré ses imperfections peut encore avoir :
Une parole d’ espérance pour le monde à condition que les communautés :
- « Vivent en actes ce qu’ elles annoncent, et soient véritablement les témoins d’ une lumière qui vient d’ailleurs»
Suivre le Christ c’ est ne pas se résigner
C’est l’ appel que lance Mgr Leborgne après le décès de douze migrants (majoritairement Érytréens) qui trouvèrent la mort le mardi 03 Septembre en essayant de rejoindre l’Angleterre.
Aussi rappelle-t-il que le Pape François insiste beaucoup :
- D’ une part : pour arrêter les causes de ces flux migratoires,
- Et d’ autre part : sur les dimensions de justice et de solidarité internationale.
De si nombreux drames humains !
Nous pouvons noter que d’ autres drames humains sont parfois passés pratiquement sous silence.
C’ est le cas pour le naufrage d’ un bateau sur le lac Kivu près du port de Kituku à Goma (R.D.C.) dont les médias ont très peu parlé.
Cependant il a fait 34 morts et des centaines de passagers sont portés disparus et la recherche des corps continue.
Or, ce bateau qui a coulé parce que trop surchargé est l’ une des conséquences de la guerre qui sévit dans cette région.
En effet, depuis que la cité de Sake est prise dans les assauts du M23, la seule voie qui reste pour fuir ces zones de combats sont les bateaux.
L’ autre raison étant que toute la nourriture destiné à la ville de Goma (bananes plantains, manioc et légumes) se fait par les embarcations qui souvent sont vétustes.
Toutes ces tragédies, Mgr Leborgne les a évoquées avec des évêques africains qui lui demandaient de l’ aide pour garder leurs richesses humaines dans leurs territoires.
Des questions importantes et légitimes
Pour l’ évêque d’Arras, les questions qui se posent sur l’ immigration sont importantes et légitimes.
Toutefois explique-t-il, il n’ existe pas de solution magique. On ne peut surtout pas en parler sans les évoquer :
- « sous l’ angle de la justice et de la solidarité internationale car ces migrations sont le résultat des guerres, de l’ extrême pauvreté, des changements climatiques, des persécutions … »
Puis il précise :
- « Qu’ un migrant est celui qui, comme lui, a été créée à l’ image de Dieu.»
Tout homme est une histoire sacré
Dans une homélie faite en janvier 1966 à Lausanne, Maurice Zundel déclarait :
- [« Le prochain, c’ est simple, c’ est celui qui maintenant, aujourd’ hui, a besoin de moi. Mais, derrière ce commentaire il convient de réentendre l’ enseignement de Jésus lui-même : « J’ ai eu faim, j’ ai eu soif, j’ étais en prison, j’ étais dépouillé, j’ étais malade, et c’ était moi. » (Mt. 25, 35) Car, bien sûr, le prochain, le premier prochain, c’ est Dieu dans l’ autre, dans l’ Humain.»]
Le chant que tes œuvres sont belles ne nous dit-il pas :
- « Tout homme est une histoire sacré, l’ homme est à l’image de Dieu ».
C’ est pourquoi, en tant que Chrétiens, nous ne pouvons défendre la dignité inaliénable de la personne humaine – de sa conception à sa mort – sans défendre la dignité des migrants.
La résurrection du Christ nous invite à l’espérance
Ce qui compte pour nous est la résurrection du Christ. Or l’ affirmer, c’ est agir dès maintenant car :
- « Cette résurrection nous met debout et nous donne l’espérance.»
En conséquence :
- « Le croyant avec la certitude de la fidélité de Dieu et la Bonne Nouvelle du salut, doit se laisser guider par l’ amour dans ses relations sociales ».
Pour conclure
En tant que Chrétiens, nous ne pouvons pas nous laisser guider par la peur et surtout ne ne pouvons pas nous résigner :
- « à accepter l’ inacceptable sur des sujets économiques ou politiques. Au contraire, la Bonne Nouvelle du Salut doit guider nos relations sociales ».
Alors, nous devons nous dire :
- « Certes, je n’ai pas la solution pour le monde, mais là où je peux, avec d’ autres, essayer de poser un acte bon, m’ engager au service du bien commun et de la cité mon acte a déjà un poids d’ éternité ».
Finalement vivre l’ Évangile c’ est accepter d’ être bousculé, car suivre le Christ :
- « Nous appelle au dépassement de nos peurs, de notre zone de confort ».
Arnaud Allibert vient d’écrire, dans sa rubrique À vif du 15 Octobre :
- « Il y a cinq ans, presque jour pour jour, le pape François inaugurait place Saint-Pierre une sculpture en bronze de 140 migrants qui lance au monde entier cette parole biblique : « N’ oubliez pas l’ hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Hb 13, 2)
Georgette
Sources : La Croix du 09/10/2024 – Entretien avec Mgr Leborgne – La Croix du 15/10/2024 – Radio Okapi le 10/10/2024.
Illustrations : Pixabay Licence, pas d’ attribution requise – La Barque des migrants : Wikimédia Commons, Auteur Timothy Schmalz – Libre de Droit.