Wikimédia Commons : Présentation de Jésus au Temple de James Tissot – Domaine Public
Le 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 22-40) l’ Église célèbre le rachat du fils premier-né.
Ce rituel marquait l’ appartenance de l’ enfant hébreu à Dieu.
Comme le rappelle Saint Paul dans sa lettre :
« Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition … » (Hb 2, 14)
Des rituels pour signifier que Dieu a mêlé sa vie et ses pas avec ceux du peuple d’Israël
Jésus, comme tout enfant Juif premier né, fut présenté, après le temps de purification requis, au temple de Jérusalem pour être consacré à Dieu.
Par ce rituel, chaque Fils s’inscrit dans l’ Histoire de ses pères, celle de l’ alliance avec Dieu et chacun reçoit sa place, sa vocation.
« Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification,
Les parents de Jésus l’ amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur ».
La circoncision par Frederico Barroci ((1535–1612) – Domaine Public
Mais avant cette présentation au temple il fut, comme nous le rappelle saint Luc, circoncis et :
- Il reçut le nom de Jésus « Le Seigneur sauve ».
« Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. » (Lc 2, 21)
Ce rituel de la circoncision s’ ancre dans le récit de celle d’Abraham puisque ce rite :
Se dit en hébreu « berit-milah » = « l’ alliance de la circoncision » car le prépuce, une fois coupé, a la forme d’ une alliance ».
Dans les bras de Syméon
Bernadette Lopez – Évangile et Peinture
Le nom de Syméon signifie « Dieu a entendu ». Ce vieil homme « juste et religieux » attendait la venue du Messie promis à Israël depuis des siècles.
Or, il avait reçu de l’ Esprit Saint, l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ. (Lc 2, 25-26).
Alors, sous Son action , il se rend au Temple.
Et là, au moment où les parents présentent l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi concernant le fils premier né, il reçoit l’enfant dans ses bras.
Bouleversé, de son cœur jaillit une prière de louange, un cantique bénissant Dieu :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples…» (Lc 2, 29-31)
Le Christ, lumière qui se révèle aux nations
Syméon, dans sa sagesse perçoit que ce petit être qu’ il tient dans ses bras aura une destinée hors du commun.
Aussi dit-il dans sa prière :
« … mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » ( Lc 2, 30-32).
A ce sujet, si Jésus peut être « lumière des nations », c’ est :
- Parce qu’ il s’ est fait l’ un de nous, humain, dans un peuple particulier Israël et une terre particulière la Judée. Or, ce territoire avait comme capitale Jérusalem et son Temple était le seul sanctuaire autorisé.
C’ est ainsi que, comme en témoignent les récits des évangiles de la passion de Jésus et de la Pentecôte, Jérusalem attirait des milliers de pèlerins venant de partout.
Le Christ, la gloire de Dieu
Le mot « gloire », kavod en hébreu signifie aussi « poids ».
Dieu « donne du poids » à son amour en assumant notre humanité par l’ incarnation de son Fils.
La gloire d’Israël sera de découvrir qu’ en un de ses fils, Jésus, l’ Alliance a été ouverte à tous (pensons à la rencontre de Jésus avec la Samaritaine en Jn 4)
C’ est ainsi que :
Le sacrifice de la croix est par analogie une circoncision totale et définitive.
La prédiction de Syméon
Bernadette Lopez – Évangile et Peinture
Syméon, après avoir béni Marie et Joseph, dit à Marie :
« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction– et toi, ton âme sera traversée d’ un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’ un grand nombre. »
Étrange et triste prédiction. Mais elle annonce déjà la nouvelle alliance car la circoncision est un acte sanglant.
Anne Lécu voit dans le récit de la présentation au Temple toute l’ humanité qui est offerte à Dieu ; Voici ce qu’ elle dit à Marie :
« Le Père est là, le Fils est présenté au Temple, et l’ Esprit Saint est là aussi. Je ne sais si tu le perçois, mais dans tes bras, toute l’ humanité est présentée à Dieu, consacrée dans la consécration de ton enfant.
Toute l’ humanité est portée par Toi dans la figure de ce bébé, tellement vulnérable, qui ne peut vivre que si l’ on s’ en occupe …
Du sang est versé en rançon de la vie de cet enfant … Cet enfant que tu tiens entre tes bras, tu ne le sais pas encore, mais son sang suppléera à tous les sacrifices. Après lui, il ne sera plus nécessaire de le verser.
Peut-être que c’ est tout cela que mystérieusement Syméon perçoit … » (À Marie p. 79)
Pour conclure
Saint Paul résume parfaitement bien ce que Jésus, par sa mort et sa résurrection a établi.
En effet, parce qu’ il a souffert jusqu’au bout l’ épreuve de sa Passion, une nouvelle alliance a été faite.
Par ce qu’ il a vécu, il a réduit à l’ impuissance le pouvoir de la mort et a rendu libres :
Tous ceux qui passaient toute leur vie dans une situation d’ esclavage (celui du péché).
En conséquence, méditons cet événement de la présentation au temple :
« C’ est en vivant jusqu’à l’ extrême sa circoncision, par l’ effusion de son sang et l’ entier dépouillement de son « corps de chair », que Jésus permet aux incirconcis d’entrer eux-mêmes dans l’alliance, avec Israël. »
(Michel Remaud, Évangile & tradition rabbinique, le livre et le rouleau, Lessius, 1970.)
Mais aussi ce que nous suggère Anne Lécu :
« Anne la prophétesse se présenta à vous. L’ enfant qui est présenté à Dieu entraîne à sa suite des hommes et des femmes qui à leur tour se présentent.
En se présentant, ils nous donnent la grâce de nous présenter.
Le recevoir, c’ est se présenter ; se présenter c’ est le recevoir. Admirable échange. Oui Dieu est grand.
Alors, nous voilà, Marie, comme Syméon avec ton enfant dans les bras et, comme Anne, la bouche déliée pour vanter la beauté et la bonté qu’ il dégage. Nous voilà avec toi au temple. »
Puis pour terminer, nous pouvons écouter et réfléchir sur le beau cantique de Syméon :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël.
Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen »
Georgette
Sources : Prixm – La circoncision de Jésus – Anne Lécu : À Marie. – Naissance de Jésus et rites juifs : circoncision, présentation au Temple : Diocèse de Marseille