Mercredi 12 février, Cécilia Dutter est venue nous parler de son livre « Aimer d’un cœur de Femme » ; En dialogue avec Marie et Marie-Madeleine.
Elle y pose cette question : « Qu’ ont-elles toutes deux à dire aux Hommes et aux Femmes d’aujourd’hui ? ».
Qui est Cécilia Dutter ?
Après avoir effectué sa scolarité à l’ École Alsacienne de la huitième jusqu’au bac, elle obtient une Maîtrise de droit privé général à Paris II-Assas puis un DEA avec mention de droit de la propriété littéraire, artistique et industrielle.
Elle réussit ensuite le concours d’Ingénieur d’Études du CNRS où elle travaille comme conseiller juridique chargé des contrats liés à la valorisation des brevets.
Puis, la Bibliothèque nationale de France fait appel à elle pour s’occuper de toutes les questions relatives aux droits d’auteur, notamment celles posées par l’important programme de numérisation des œuvres littéraires.
À partir de 2005, elle cesse son activité salariée pour se consacrer à l’écriture.
Après avoir écrit des billets réguliers pour la page « Post Scriptum » de l’ hebdomadaire La Vie, elle a tenu la rubrique « Chemin faisant » de l’ hebdomadaire Suisse L’ Écho Magazine.
Elle est présidente de l’Association les Amis d’ Etty Hillesum. Par ailleurs, elle est membre de l’ Association des Philosophes Chrétiens qui publie chaque trimestre Réflexions chrétiennes.
L’ écriture s’ inscrit dans sa quête spirituelle et à travers ses ouvrages elle souhaite :
Parvenir à mettre en lumière la transcendance universelle et sacrée de la vie.
Elle a publiée, entre autres : Etty Hillesum, une voix dans la nuit (2010) – Vivre libre avec Etty Hillesum (2018) –L’ amoureuse, livre qui nous parle de Marie-Madeleine (2021)
Aimer d’ un cœur de Femme
Son livre nous invite à découvrir l’ itinéraire de Marie et Marie-Madeleine, deux femmes que tout, au premier abord, semble opposer puisque :
- L’ une est la Vierge et mère de Jésus et l’ autre la pécheresse et amie de Jésus.
Cependant elles sont sœurs en humanité.
En effet, malgré les différences :
- Toutes d’ eux joueront un rôle essentiel dans l’ accompagnement du Christ dans son ministère.
Sainte Marie mère du Christ
Wikimédia Commons – Vierge à l’ enfant de Marianne Stockes – Domaine Public
Pour connaître son enfance, il faut lire les évangiles apocryphes.
Bien que ne figurant pas dans les textes reconnus comme canoniques, car seuls les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean) le sont par les Églises chrétiennes.
Cependant, les évangiles et autres textes apocryphes ne sont pas totalement ignorés par le Christianisme car ceux-ci :
- Contiennent de nombreuses anecdotes sur la petite enfance de Marie. Ces textes portent une puissante valeur de témoignage.
C’ est ainsi que selon la promesse faite à Dieu par Joachim et Anne :
- Ils conduisirent Marie à l’âge de 3 ans, au Temple, pour qu’elle se prépare au rôle qu’ on lui pressent dans la rédemption d’ Israël (Protévangile, 7-8).
- Elle appartient donc à Dieu depuis sa plus tendre enfance. En elle, nulle trace du péché originel.
Sainte Marie-Madeleine
Wikimédia Commons – Madeleine repentante – Le Caravage – Domaine Public
Le personnage de Marie-Madeleine est triple car il représente à la fois :
La pécheresse anonyme de l’ Évangile de Luc, qui oint d’ huile parfumée les pieds de Jésus au cours d’ un banquet offert par Simon le Pharisien, la Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe, et Marie de Magdala, qui fut la première à rencontrer Jésus ressuscité.
Jeune fille rebelle, Marie-Madeleine fuit le domicile parental pour devenir l’ une des plus célèbres courtisanes de Palestine.
Puis, après avoir brûlé sa jeunesse, elle part à la rencontre de Jésus qui ne la juge pas.
À ses côtés, elle sillonne les routes de Galilée, transformant son ancienne quête érotique en un amour plus intense et purifié.
Après la mort et la mise au tombeau du Christ c’ est elle qu’ il appelle par son prénom et qui a le privilège :
- D’ être la première à le voir apparaître au jour de sa résurrection et de l’ annoncer aux disciples.
Puis elle part porter la Bonne Nouvelle en Provence. C’ est dans une expérience mystique intense qu’ elle finit sa vie à la grotte de la Sainte-Baume.
Le miroir inversé
C’est dans un miroir inversé que Cécilia Dutter nous fait découvrir et méditer la vie de ces deux femmes.
Que nous dit Marie pour aujourd’hui ?
Marie nous invite à découvrir le véritable sens de la maternité car :
- Elle assume jusqu’ au bout la naissance de son fils en l’ élevant, en l’ ouvrant à Sa mission et en accueillant par avance Sa mort.
En effet, une mère, après avoir donné la vie ou avoir accueilli un enfant dans son foyer doit :
- L’ aider à grandir, à se construire, à découvrir sa véritable vocation afin qu’ il puisse atteindre sa pleine stature d’ homme ou de femme.
En outre, elle doit lui permettre de réaliser sa vie spirituelle, en lui apprenant :
- D’ une part à Aimer Dieu, Père, Fils et Esprit ainsi que son prochain.
- Et, d’ autre part, à se laisser aimer et transformer par Lui.
Marie demeurera un modèle de présence et un guide pour son Fils, de l’ Annonciation jusqu’ au Calvaire.
Que nous apprend Marie-Madeleine ?
Elle nous apprend :
- D’ une part à nous laisser transformer,
- Et d’ autre part, le don gratuit de nous-mêmes.
Elle aussi est à sa manière une mère car, comme l’ a fait remarquer le père Félicien, la maternité peut aussi être spirituelle.
En effet, cette forme de maternité concerne « Un enfantement selon l’ esprit ».
C’ est pourquoi elle vaut également « son pesant d’ Or ». En réalité elle concerne toutes les femmes.
Une mère spirituelle aide à faire grandir dans la Foi, l’ Espérance et la Charité.
En conséquence, cette forme de maternité se vit à travers le don de soi, dans une charité qui se caractérise par ces mots :
- Aider, écouter, être présente … autrement dit aimer !
Pour conclure :
La vierge Marie et Marie-Madeleine nous invitent à découvrir :
- Que toute vie a un sens,
- Mais aussi que l’ égalité entre les sexes est une évidence qui toutefois, ne doit pas se traduire par une négation des différences.
Puis, comme le souligne Cécilia Dutter, leur exemple nous parle :
- De la « beauté de la complémentarité des sexes » .
Certes, seules cinq ou six femmes portent un nom ou un prénom dans la Bible.
Cependant, elles y sont très présentes, même si elles y sont désignées par leurs origines ou une caractéristique physique comme :
- La Femme courbée (Lc 13), de Samarie (Jn 4), l’ Hémorroïse (Lc, 8) ou la Cananéenne (Mt, 15).
Car, l’ anonymat dans la Bible est vu par les Pères de l’ Église et les exégètes comme notre identification parfaite et celles de nos situations d’ aujourd’hui.
En effet, il se passe des choses extrêmement importantes entre Jésus et les femmes puisque :
La plus grande conversation Théologique de Jésus dans l’ Évangile se fait avec une femme : « La Samaritaine ». (Jn 4 1-42) ;
C’ est pourquoi, même si nous ne pouvons accéder aux fonctions sacerdotales, nous devons comprendre :
- L’ importance de notre place dans l’ Église, et participer activement, avec le charisme qui est le nôtre, à la vie ecclésiale de nos paroisses.
Merci à Cécilia Dutter pour cette belle et lumineuse conférence.
Georgette
Image mise en avant : Détail de la descente de Croix de Fra Angelico avec Marie et Marie-Madeleine – Domaine Public