Devenons ce que nous recevons

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La première Eucharistie

 Aujourd’ hui, en ce jeudi Saint, nous faisons mémoire du jour où Jésus, juste avant de donner sa vie pour nous, nous laissa :

  • Le sacrement de l’ Eucharistie, celui de son corps et de son sang.

Mais, avant de l’ accomplir, comme le rapporte St Jean, il fit un geste inhabituel mais important :

  • Il lava les pieds de ses disciples.

Pourquoi ce geste ?

Le lavement des pieds était un geste d’accueil, un geste d’ hospitalité.

En effet, en Terre sainte, il fait chaud et il y a beaucoup de poussière. Quand on marche dehors, pieds nus ou avec des sandales, ils deviennent très vite poussiéreux.

Laver les pieds de celui qui arrivait chez vous était donc un geste de politesse, de bienvenue.

Un autre lavement des pieds

Pour bien en comprendre toute la beauté, il est important de nous rappeler un autre lavement des pieds raconté dans la Bible.

Rappelons-nous :

Un jour, au plus chaud du jour, nous dit le texte, Abraham était assis à l’entrée de sa tente. Levant les yeux, il aperçut trois hommes devant lui.

Très accueillant, il se leva et s’ empressa auprès d’eux. En les invitant, il prononça cette phrase :

  • « Permettez que l’ on vous apporte un peu d’ eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. » (Gn. 18,4).

Puis il prépara un repas. Un véritable festin pour que ses visiteurs reprennent des forces. Et au cours de celui-ci, l’ un des trois hommes prit la parole.

Il dit à Abraham:

  • « Je reviendrai chez toi l’ an prochain, et ta femme Sara aura un fils » (Gn. 18, 10).

C’ était le Seigneur qui parlait ainsi. Venu visiter Abraham, il lui avait promit un enfant, une grande lignée.

Et nous savons que cette promesse fut tenue. Sara, la femme d’ Abraham lui donna une descendance en mettant au monde un fils : Isaac.

Celui ci sera le père de Jacob et toute la descendance de l’ Alliance passe par lui.

Et, au bout de cette longue histoire sainte il y a :

  • Jésus, Fils d’Abraham (cf.Mt.1,1).

Le geste d’ humilité du Christ

Geste d’accueil, le lavement des pieds est aussi un geste d’ humilité.

Habituellement, c’ était un serviteur qui accomplissait ce geste.

Mais aujourd’hui c’ est le Seigneur, le maître, qui lave les pieds de ses disciples. Et Pierre s’ étonne:

« Toi, Seigneur, me laver les pieds !» (Jn. 13,6). Par cette exclamation, il veut dire au Christ : « Ce serait plutôt à moi de te laver les pieds ! »

Cependant, ce n’ est pas la première fois que les gens sont surpris par ce que fait Jésus.

En effet, sur les bords du Jourdain, il s’ avança vers Jean-Baptiste. Lui qui n’ avait commis aucun péché, se glissa parmi les pécheurs et demanda à recevoir le baptême.

Et Jean-Baptiste, lui aussi, marqua sa surprise :

« C’ est moi qui ai besoin d’ être baptisé par toi, et toi tu viens à moi ! » (Mt. 3,14).

Une surprise qui est aussi la nôtre

La surprise de Jean-Baptiste, celle de Pierre, c’ est aussi la nôtre. Car il est bien surprenant ce chemin d’ abaissement que suit Jésus.

Geste d’accueil, geste d’ humilité, le lavement des pieds est aussi un geste de purification.

Nous le savons bien :

  • L’ eau, c’ est ce qui purifie, ce qui lave. Et ici, elle ne lave pas seulement le corps, mais aussi le cœur. C’ est ce qu’ elle fait lors du baptême.

Aussi est-ce à chacun de nous que Jésus dit :

  • « Si je ne te lave pas, tu n’ auras pas de part avec moi ».

Le christ vient nous visiter

Aujourd’hui, c’ est Jésus qui vient nous visiter, c’ est lui qui nous invite à partager ce repas au cours duquel il prononça cette parole :

  • « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».

Et comme Abraham avait lavé les pieds du Seigneur, le Seigneur se fait encore serviteur. Et cela ne peut signifier qu’ une chose

  •  Tout est accompli.

Institution de l’ Eucharistie

Dans sa lettre aux Corinthiens, Saint Paul  fait un rappel de l’ institution de l’Eucharistie puis précise :

  • «  … Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’ à ce qu’ il vienne ».( 1 Co 11, 23-26)

Or, par cette phrase, il demande :

  • Que chacun examine sa relation au Seigneur. Il nous appelle également à vérifier la qualité de la relation entre les membres de la communauté (Église catholique en France).

Invitation à communier au cœur et au Sang du Christ

Cette communion, ce Corps et ce Sang du Seigneur Jésus, nous allons le recevoir une fois encore, aujourd’hui.

Enfin, au cours de la veillée pascale, ceux auront été « lavé » pour l’ eau purificatrice du baptême pourront le faire pour la première fois.

Or, cette communion doit avoir des conséquences dans notre vie.

Car si nous sommes en communion avec Lui, c’ est pour apprendre à nous comporter de la même manière que Lui. Nous devons en particulier nous mettre au service les uns des autres :

  • « Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, en bons gérants de la grâce de Dieu qui est si diverse » ( 1 P. 4, 10)

Devenons ce que nous recevons

En ce jour du Jeudi Saint, méditons ce passage de l’ homélie que fit Benoît XVI le 6 Juin 2010 au cours de son voyage apostolique à Chypre :

« Tous ceux qui se nourrissent du corps et du sang du Christ dans l’ Eucharistie sont :

  • Rassemblés dans l’ unité par l’ Esprit Saint » (Prière eucharistique n°2) pour former le saint et unique peuple de Dieu. Tout comme l’ Esprit Saint descendit  sur les Apôtres dans la Chambre haute à Jérusalem, le même Esprit Saint a une double action dans chaque célébration de la Messe : Sanctifier les dons que sont le pain et le vin, afin qu’ ils deviennent le corps et le sang du Christ, et combler tous ceux qui sont nourris par ces saints dons, afin qu’ ils deviennent un seul corps et un seul esprit dans le Christ.

Lorsque nous communions, ayons en nous le profond désir de devenir ce que nous recevons :

« Devenez ce que vous recevez », c’ est ce que dit Saint Augustin dans le sermon 272 qu’ il prononce pour des catéchumènes :

  • «  … Tu entends le corps du Christ » et tu réponds « Amen ». Sois un vrai membre du corps du Christ, afin que ton Amen soit vrai ».

En conséquence, nous sommes appelés à tendre la main à ceux qui sont dans le besoin en partageant généreusement nos biens terrestres avec ceux qui sont moins bien pourvus que nous. Et nous sommes appelés à proclamer sans cesse la mort et la résurrection du Seigneur, jusqu’ à ce qu’ il vienne dans la gloire.

Nous sommes son corps maintenant sur la terre.

Pour paraphraser un célèbre propos attribué à sainte Thérèse d’ Avila :

  • Nous sommes les yeux avec lesquels sa compassion regarde ceux qui sont dans le besoin, nous sommes les mains qu’ il tend pour bénir et pour guérir, nous sommes les pieds dont il se sert pour aller faire le bien, et nous sommes les lèvres par lesquelles son Évangile est proclamé

En nous nourrissant de Lui dans l’ Eucharistie et en accueillant l’ Esprit Saint dans nos cœurs, nous devenons vraiment le Corps du Christ que nous avons reçu, nous sommes véritablement en communion avec Lui et les uns avec les autres, et nous devenons authentiquement ses instruments, en lui rendant témoignage devant le monde.

Nous sommes appelés à dépasser nos différences, à porter la paix et la réconciliation partout où il y a des conflits, pour offrir au monde un message d’ espérance … Et nous sommes appelés à proclamer sans cesse la mort et la résurrection du Seigneur, jusqu’ à ce qu’ il vienne dans la gloire.» 

Georgette

Sources : Homélie sur le lavement des pieds – Dominicains de Toulouse et Homélie de Benoît XVI pendant son voyage apostolique à Chypre le 06-06-2010

Illustrations : Bernadette Lopez (évangile et peinture)  et Icône de l’ hospitalité d’ Abraham (Idées KT)

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